Après l'annonce samedi de plusieurs actes terroristes qui ont fait 27 victimes, les autorités algériennes continuent de s'attaquer à un autre foyer de tensions : la Kabylie. À El Kseur à 22 km de Béjaïa, de nombreuses émeutes ont éclaté depuis la rencontre jeudi dernier entre les délégués des Aârouch et le gouvernement. Une colère qui a redoublé samedi, après l'arrestation d'un délégué des manifestants, Rabouhi Mourad. Le quotidien algérien Le Matin rapporte qu'une jeune personne aurait « été violemment tabassée, puis relâchée dans un état très critique », par les forces de sécurité du CNS. Depuis, des séries d'affrontements très violents se sont concentrées autour du commissariat de police, « à coups de pierres et de cocktails molotov », faisant 17 blessés. Dans le même temps, à Tizi Ouzou, six personnes étaient interpellées dans la cité des Genêts, le foyer des émeutes, après plusieurs manifestations. La tension a été particulièrement forte dans la nuit de samedi à dimanche, lorsque les rues se sont transformées en champs de bataille qui ont fait une dizaine de blessés. Devant ce regain de violences, la Coordination des aârouch, daïras et communes de la wilaya de Tizi Ouzou (CADC) a tenu à déclarer que le pouvoir est « passé à la grande vitesse pour tenter d'étouffer le mouvement par une répression sauvage ». Cette énorme tension dans la région kabyle n'empêche en rien les islamistes de tuer. Le dernier attentat connu date de dimanche soir, lorsque cinq personnes ont été assassinées à Saïda, Aïn Defla et Oum El Bouaghi. Vendredi déjà, deux ouvriers travaillant dans une carrière d'agrégats à Tiberkanine, dans la wilaya de Aïn Defla, ont été assassinés et deux autres blessés par un groupe terroriste. Les deux jours précédents, huit personnes, dont sept islamistes armés, ont été tuées lors d'opérations menées par les forces de sécurité. Ces informations qui n'ont été rendues publiques que samedi, dans les colonnes de la presse algérienne, précisent que cinq de ces terroristes ont été abattus lors d'une embuscade tendue mercredi dernier à Larbaâtache, 30 km au sud de la capitale Alger. Dans ce morbide décompte, la presse rappelle le massacre de 17 personnes – dont 15 femmes - assassinées par un groupe armé à Arib dans la région de Aïn Defla (160 km à l'ouest d'Alger). Cette dernière tuerie est le plus important attentat commis en Algérie depuis le début du mois du ramadan. Le dernier bilan des actes terroristes porte à 58 le nombre de personnes tuées dans le pays durant ce mois sacré. Lors du mois de jeûne précédent (du 27 novembre au 27 décembre 2000), 340 personnes, dont 101 membres des forces de sécurité et 102 islamistes armés, avaient été tuées. Depuis le début de l'année 2001, quelque 2.000 personnes ont été assassinées en Algérie.