Pour empêcher une éventuelle fuite des terroristes présumés à l'étranger, les services de police marocains et leurs homologues espagnols ont renforcé le contrôle aux frontières. Une course contre la montre est menée par les services de police dans la région du Nord, après l'apparition d'éléments d'information sur la probabilité d'une fuite des terroristes recherchés vers l'étranger. Une opération de grande envergure est ainsi effectuée aux portes de Sebta et Melillia, par les services de la Sûreté nationale, en coordination avec leurs homologues espagnols. Cette coordination, qualifiée «de très haut niveau» par des sources policières, vise à empêcher les deux principaux suspects dans l'affaire du réseau «Organisation Al Qaïda au Maghreb islamique», en l'occurrence Aziz Chaguani et Abdelali Chaïri, de fuir en Europe via les deux présides marocains occupés. Des opérations similaires concernent l'ensemble des frontières du Royaume. Des éléments de la gendarmerie militaire ont été ainsi déployés tout au long des frontières du Maroc avec l'Algérie. Rappelons que les autorités avaient lancé, il y a quelques jours, un appel invitant tout citoyen en possession d'informations sur l'endroit où seraient cachés ces deux suspects «très dangereux» de prendre contact avec les services administratifs ou de sécurité (Gendarmerie royale et DGSN). Tout comme aux portes de Sebta et Melillia, un important dispositif préventif a été déployé au niveau des postes-frontières du Royaume (maritimes, terrestres et aériens) en vue de verrouiller toute possibilité qui pourrait être envisagée par les terroristes recherchés pour s'évader hors du territoire national. Les mesures de sécurité ont été renforcées après la réunion, vendredi dernier à Rabat, du ministre de l'Intérieur, Chakib Benmoussa, avec les walis et les gouverneurs. Lors de cette réunion, destinée à impliquer toutes les autorités du pays, - services de sécurité et administratifs compris -, dans la lutte préventive contre d'éventuels attentats terroristes, le ministre de l'Intérieur a mis en garde contre un «relâchement de vigilance». Cette réunion a fait suite à une autre tenue, le 11 février à l'Institut royal de police de Kénitra, avec les responsables de la Sûreté nationale en vue d'examiner la situation sécuritaire du pays, suite aux menaces terroristes proférées par l'organisation Al Qaïda au Maghreb islamique, ancien Groupe salafiste algérien pour la prédication et le combat (GSPC). Avec le voisin de l'Est, l'Algérie, et l'Europe, le Maroc constitue la cible privilégiée de ce groupe redoutable. Après avoir centré son action uniquement sur l'Algérie, où il voulait imposer un « Etat islamique », ce groupe, qui a prêté allégeance dernièrement à l'organisation Al Qaïda, a menacé d'élargir son activité à tous les pays du Maghreb, dont il veut faire la tête de pont pour d'éventuelles attaques contre les intérêts occidentaux. Une menace qui a été prise au sérieux par les pays des deux rives de la Méditerranée, pour renforcer leur niveau de coopération en matière de sécurité. Cette coopération a commencé à donner ses fruits; la découverte au Maroc d'une cellule terroriste liée à l'organisation «Al Qaïda au Maghreb islamique» offre ici une preuve éclatante.