Pour son premier téléfilm, Ali Tahiri a osé un polar intitulé «A l'Ombre du crime». Avec ce téléfilm, projeté en avant-première lundi à Casablanca, le jeune réalisateur a touché à un genre peu exploré au Maroc. Ali Tahiri vient d'amorcer un nouveau virage dans sa carrière de réalisateur. Après deux courts-métrages, deux sitcoms (deuxième partie de «Lalla Fatéma et Dar Mi H'nia»), ce jeune artiste s'est lancé le défi d'étrenner le film dramatique avec un genre redoutable, en l'occurrence le film policier. Pour un début, l'enjeu s'annonçait hors de portée. Mais voilà, le résultat est plus qu'encourageant. Dans ce téléfilm intitulé «A l'Ombre du crime», fort ovationné lors de sa projection en avant-première lundi à Casablanca, le réalisateur a révélé une maîtrise peu ordinaire des techniques du polar. Conscient de l'ampleur du défi, il s'est donné beaucoup de temps pour signer ce premier coup d'essai: 7 mois de repérage, de casting, etc, avant de donner le premier coup de manivelle à ce téléfilm réalisé pour le compte de la deuxième chaîne nationale. Tous les ingrédients sont là : scénario bien ficelé signé Rachid Zaki -un ancien camarade de classe d'Ali Tahiri- en plus d'un casting trié sur le volet (Mohamed Khouyi, Driss Rokh, Mohamed Choubi, Hassan Hammouch, Ali Reggab…), et par-dessus tout un bagage cinématographique acquis à Ouarzazate auprès de sommités du monde du 7ème art, tel le Mexicain Alejandro Gonzalez Inarritu, réalisateur du film américain «Babel». A ce propos, Ali Tahiri a officié en tant qu'assistant-réalisateur pour cette superproduction américaine, sélectionnée pour les prochains Oscars. Fort de cette expérience, Ali Tahiri n'a pas hésité à se jeter à l'eau. Il nous a servi, une bonne leçon de réalisation. «A l'Ombre du crime» n'est pas un polar comme les autres. La valeur ajoutée du jeune réalisateur vient de sa capacité à explorer les ressorts psychologiques de ses personnages. Au centre de l'histoire, un mystérieux serial-killer. Deux inspecteurs de police, «Youssef» (M. Khouyi), et «Mourad» (Driss Rokh) enquêtent sur des meurtres qui portent la même signature : victime froidement étranglée puis maquillée. L'auteur de ces crimes à répétition reste sans visage. Seul indice : le maquillage des victimes, qui sont toutes des femmes. La misogynie de l'auteur de ces crimes n'est pas à démontrer. Encore faut-il l'identifier. L'intrigue se corse au gré des meurtres. Pressé par sa hiérarchie, «Youssef», gagné par le doute, fait porter le chapeau à son collègue «Mourad». Ce dernier est-il réellement coupable ? Aucune preuve n'a été retenue contre ce dernier. En revanche, c'est ce dernier, et non son supérieur hiérarchique «Youssef», qui finira par dénouer les fils de l'énigme. «Youssef», gagné par le remords, passe aux aveux. Il appelle « Mourad » pour lui narrer une vieille histoire. Un jour, il a trouvé sa femme « Raja » en flagrant délit d'adultère. «Mourad » découvre à travers cette histoire une première clef sur la piste de son investigation. «Youssef» n'aurait-il pas commis ces crimes pour se venger de l'infidélité de sa femme ? L'histoire se termine sur l'arrestation de ce dernier alors qu'il était en train d'étrangler la copine de «Mourad». Voilà pour le fond. Sur la forme, on peut trouver à redire sur quelques détails de la réalisation. Après le dénouement de l'intrigue, marquée par l'identification du véritable auteur des crimes, le réalisateur nous a servi, à titre rétrospectif, des séquences explicatives sur leur déroulement. Le recours au flash-back n'est pas justifié d'autant plus que l'identité du meurtrier a déjà été dévoilée. Pourvu que ces dernières séquences démonstratives soient «sucrées». Il y va d'un principe essentiel de la création artistique censée montrer et non pas démontrer, suggérer et non pas expliquer…