Le conseil de la ville de Tanger vient d'annoncer l'annulation officielle du moussem de l'Achoura. Une décision qui ne semble pas plaire pas à tout le monde et particulièrement aux nostalgiques de cette manifestation qui durait un mois. Plus de moussem de l'Achoura à Tanger. C'est en substance ce qu'indique un communiqué émanant du conseil de la capitale du détroit. «Cette décision a été prise après mûre réflexion et concertation avec les parties concernées. Il faut noter que l'organisation du moussem de l'Achoura est une ancienne tradition. Cette manifestation rapporte plus d'un million de dirhams pour le conseil de la ville. Nous avons été plusieurs fois contactés par des commerçants dans les différents secteurs qui trouvent leurs intérêts menacés par l'organisation de ce moussem», explique le président du conseil de la ville, Dahmane Derhame. Et d'ajouter que «les citoyens, bien évidemment, ont toujours la possibilité de célébrer la fête de l'Achoura puisqu'il peuvent toujours s'approvisionner dans les magasins des fruits secs et des jouets pour enfants». De leur côté, les commerçants, qui ont l'habitude de s'installer dans le souk de l'Achoura, sont préoccupés par le drame qui a frappé le marché de Casabarata. Ce marché, où sont installés leurs petits commerces, a été dernièrement le théâtre d'un grand incendie. Contactés par ALM, certains de ces commerçants partagent l'avis du conseil de la ville. «L'anarchie règne durant ce moussem qui représente pour nombre de personnes un commerce juteux. La revente des autorisations atteint jusqu'à 10 mille dirhams. Nous approuvons la décision du conseil de la ville et nous espérons que cette activité soit mieux organisée à l'avenir», rapporte Driss Karouk, président de la Ligue des antiquaires à Tanger avant d'ajouter avec une amertume qu'il n'arrive pas à dissimuler : «nous sommes maintenant en train de discuter avec les responsables pour nous indemniser. Nous sommes plus de 800 commerçants à être menacés de faillite. Nous bataillons aujourd'hui pour être indemnisés. Le reste ne nous concerne absolument pas». D'autres marchands s'opposent à la décision de l'annulation du moussem. «Le conseil de la ville essaie à travers cette décision de calmer les polémiques soulevées lors des précédents moussems. Les autorisations ne sont accordées qu'aux proches et connaissances», déclare un vendeur d'électroménager qui s'est converti en vendeur de prêt-à-porter lors de l'Achoura. Cette célébration a toujours été l'occasion de réjouissances pour les habitants de la ville de Tanger. Au fil du temps, elle s'est étalée sur un mois. Les Tangérois et les habitants des autres villes avoisinantes se rappellent de la tenue du souk de l'Achoura à la fameuse rue Josafate avant de se déplacer par la suite dans les rues de Bouarakiâ et Kastia. Pour éviter les désagréments que cela causait, les responsables ont commencé, ces dernières années, à l'organiser dans l'aire de repos de Malabata. Ce qui a soulevé le mécontentement des nostalgiques des festivités à l'ancienne. Témoignage. «J'habitais le petit Socco, à proximité de Josafate. Je passais mon temps au Souk de l'Achoura. J'avais beaucoup de plaisir à regarder les jouets. En déplaçant les lieux de réjouissances, cette tradition passe presqu'inaperçue», se rappelle Si Mohammed, employé d'une imprimerie de la place. Bien qu'il y ait eu annulation officielle du moussem de l'Achoura, les fruits secs et les jouets pour enfants, en provenance pour leur majorité de Sebta et Fnideq, continuent à foisonner dans les quartiers de la ville. C'est un commerce juteux pour ceux qui s'adonnent à la contrebande.