La tendance baissière des cours actuels du pétrole conduit les analystes à envisager sérieusement la perspective d'un baril en dessous de la barrière des 50 dollars. Une analyse renforcée par la position saoudienne vis-à-vis de l'OPEP. Les cours du pétrole se sont stabilisés mercredi matin, après avoir chuté sous les 51 dollars la veille à New York. Le marché reste toutefois fragilisé par la position de l'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial, désireux de passer au cap des 3 millions de barils dès le mois de février prochain et, pour le moment, opposé à une nouvelle réunion d'urgence de l'Opep pour tenter de parer au déclin des cours. Une nouvelle bien accueillie par les traders. A Londres, sur l'Intercontinental Exchange (ICE), le baril de Brent de la mer du Nord gagnait 11 cents à 51,73 dollars sur l'échéance de mars (nouveau contrat), après avoir reculé à 51,41 en cours de séance, un niveau plus bas depuis juin 2005. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» pour livraison en février baissait de 4 cents à 51,17 dollars lors des échanges électroniques du milieu de la journée. Mardi, il était tombé à 50,53 dollars, son plus bas niveau depuis le 25 mai 2005. De l'avis des analystes, «la tendance des cours demeure baissière, et la perspective d'un test des 50 dollars le baril est de plus en plus vraisemblable» en raison des températures hivernales anormalement élevées dans l'hémisphère Nord et aux Etats-Unis en particulier, première région consommatrice de fioul de chauffage. Les déclarations du ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Nouaïmi affirmant qu'il n'était pas nécessaire pour l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de tenir une réunion extraordinaire pour discuter d'une nouvelle baisse de production n'ont fait qu'accroître la tendance du marché, qui a montré peu d'intérêt à acheter du pétrole, ont notamment souligné des courtiers. Les investisseurs attendent par ailleurs le rapport du département américain de l'Energie (DoE), qui sera publié ce jeudi au lieu de mercredi, en raison d'un jour férié lundi aux Etats-Unis. Ce rapport devrait révéler une diminution des stocks de brut de 900.000 barils la semaine dernière. Au 5 janvier, les stocks de brut s'élevaient à 314,7 millions de barils, soit 2,8% de moins qu'un an plus tôt. Ces stocks baissent depuis huit semaines. La semaine dernière, le marché a ignoré la baisse de 5 millions de barils des stocks de brut et continué à vendre sous prétexte d'une reconstitution trois fois plus importante que prévue des stocks de produits distillés. Le cours du brut perd 15% en deux semaines L'Opep avait décidé le 20 octobre à Doha (Qatar) de réduire son plafond de production de 1,2 mbj pour juguler la baisse des prix. Le 15 décembre, lors d'une réunion à Abuja (Nigeria), l'Organisation avait décidé une nouvelle baisse de 500.000 b/j effective à partir du 1er février 2007. Avec ces réductions cumulées de 1,7 million de barils par jour, l'Opep va ramener ainsi sa production au 1er février à 25,8 mbj (hors Irak). Depuis le 1er janvier, les cours du brut ont perdu plus de 15% de leur valeur en raison d'une demande faible en cet hiver exceptionnellement doux dans l'hémisphère Nord. Les opérateurs espéraient une prochaine intervention de l'Opep pour enrayer la chute des cours.