Pour Mohammed Cheikh Biadillah, ministre de la Santé, le Régime d'assistance médicale au profit des démunis (RAMED) bénéficiera aux pauvres relatifs et absolus, soit 28 % de la population. Entretien. ALM : Où en êtes-vous avec le projet du Régime d'assistance médicale au profit des démunis (RAMED) ? Mohammed Cheikh Biadillah : Tout d'abord, il faut souligner que le Régime d'assistance médicale au profit des démunis (RAMED) s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la loi portant Code de la couverture médicale de base. L'application de cette loi a commencé par la mise en place de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) qui bénéficie à 5 millions de marocains qui sont assurés pour la première fois. Cela représente 30 % de la population marocaine. Chaque jour, la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) traite 1.000 dossiers et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) 1.800 dossiers. Pour ces 2.800 dossiers au quotidien, il faut compter une centaine de millions de dirhams à titre de remboursements. Qu'en est-il des autres tranches de la population ? Pour la couverture médicale des travailleurs indépendants, des artisans et des commerçants, il y a «Inaya» qui fait partie des initiatives gouvernementales lancées au mois de novembre dernier par le Premier ministre Driss Jettou, à Casablanca. Avec leurs familles et ayants droit, ils représentent le tiers de la population marocaine. Pour ce qui est des policiers, des fonctionnaires du ministère de l'Intérieur (Forces auxiliaires, Moqaddem, Cheikhs ),… ils disposent d'une couverture médicale dans le cadre d'une convention. Le Ramed est donc un régime résiduel conformément à la loi n°65-00. Quels sont les bénéficiaires du Ramed ? Lors d'une réunion tenue mercredi dernier à la Primature, nous avons abordé notamment le volet des ressources financières et autres modalités et procédures de mise en oeuvre du Ramed. Ce régime nécessitera un financement global de 2,6 milliards de dirhams. Nous avons deux catégories de pauvres: les relatifs et les absolus. Les premiers contribueront d'une manière symbolique aux frais et autres soins médicaux. Pour les seconds, l'Etat et les collectivités locales prendront en charge la totalité de ces frais. Ce régime concerne quelque huit millions de personnes, soit 28% de la population totale du pays. Comment peut-on faire la différence entre un pauvre relatif et un autre absolu ?! C'est la croix et la bannière ! Pour cela, deux études actuariales ont été menées. L'une par le ministère de la Santé et l'autre par le ministère des Finances et de la Privatisation suite à une demande du Premier ministre. Cela fait d'ailleurs plus de deux ans qu'une commission ministérielle spéciale se penche sur ce dossier. Elle regroupe des représentants du ministère de l'Intérieur, de celui des Finances et de la Privatisation, du secrétariat général du gouvernement, de la Primature et du ministère de la Santé. Quels sont les critères d'éligibilité pour bénéficier du Ramed ? Comme je le disais, ces deux études actuariales nous ont permis de définir plus de 230 critères (possession de bétail, patrimoine, biens, revenus, ressources…) qui ont servi de base pour effectuer plus de 50 simulations. Avec le Ramed, il n'y aura pas de cartes d'indigence. Une nouvelle carte, cette fois-ci pérenne, sera créée, mais à laquelle nous n'avons toujours pas donné de dénomination. Pour ce qui concerne le panier de soins, les taux de remboursement et les autres détails relatifs à la mise en place de ce système, ils sont toujours en cours de finalisation par les spécialistes de ladite commission. Quelle est la date d'entrée en vigueur du Ramed ? Vous savez, c'est un chantier lourd! Le gouvernement s'attend à l'application de ce régime, chapeauté par l'Agence nationale d'assurance maladie (ANAM), au cours de cette année. Aucune date précise n'est encore fixée. En fait, l'essentiel est de réussir cette opération sans surenchère et sans s'égarer dans d'inutiles polémiques.