La descente aux enfers se poursuit dans les territoires sous autorité palestinienne où le Fatah et le Hamas continuent de s'affronter pour le pouvoir sans se soucier du sort de la population. Le conflit inter-palestinien opposant Hamas et Fatah continue de s'envenimer. Les deux camps rejettent catégoriquement l'idée de faire des concessions répondant à la provocation par la provocation. Après un léger répit suite à la rencontre entre le président Mahmoud Abbas et le Premier ministre Ismaël Haniyeh, les hostilités reviennent de plus belle. Ce week-end, les "frères ennemis" sont entrés dans une nouvelle épreuve de force avec la décision du président Abbas de déclarer "illégale" une force contrôlée par le gouvernement dirigé par le Hamas. Samedi soir, depuis Beethléem, Mahmoud Abbas a affiché sa fermeté : « pour créer une force, il faut un décret. Quiconque dit qu'il s'agit d'une force indépendante va à l'encontre de la loi et de la Constitution». La réaction du Hamas ne s'est pas fait attendre. Le mouvement islamiste a doublé ses effectifs et menacé de riposter contre «toute atteinte». Le ministre palestinien de l'Intérieur, Said Siyam, a décidé de doubler les effectifs de la milice du Hamas pour qu'elle compte à terme 12.000 membres, a annoncé samedi 6 janvier Khaled Abou Hilal, un porte-parole du ministère en arguant de la poursuite de «détérioration de la sécurité». Pour sa part, Ismaïl Haniyeh a nié que la force soit illégale. «La Force exécutive ne se trouve pas en dehors des services de sécurité. Elle travaille légalement sous les ordres du ministère de l'Intérieur», a-t-il estimé. Ces nouveaux développements font craindre une extension des combats dans les territoires palestiniens, particulièrement dans la bande de Gaza, où plus d'une dizaine de membres des deux camps sont morts au cours de la semaine, surtout que dimanche Mahmoud Abbas s'est dit déterminé à tenir des élections générales anticipées malgré le rejet du Hamas. «Je ne reviendrai pas sur la tenue d'élections législatives et présidentielles anticipées», a-t-il affirmé. «Ce projet n'est pas une tactique. Toutes les voies sont fermées pour former un gouvernement d'union nationale et il n'y a pas d'autre choix à part ces élections», a-t-il ajouté, en appelant tous les membres du Fatah «à se préparer» à ce scrutin. Le Hamas, lui, qualifie ce scrutin de putsch. Les amis d'Ismaïl Haniyeh se disent être victimes d'un complot orchestré par les Américains et qui vise à renverser l'actuel gouvernement. Dimanche, des voix se sont élevées pour souhaiter une amélioration des relations inter-palestiniennes. Près de 400 Palestiniens ont également manifesté à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, contre les violences qui ont fait 16 tués en cinq jours dans la bande de Gaza. «Non aux luttes fratricides !», ont scandé les manifestants qui brandissaient des banderoles portant ces mots : «Les combats fratricides sont le dernier clou planté dans le cercueil de la Palestine», «Nous exigeons la loi et l'ordre». Des appels qui ne semblent pas avoir été entendus.
Les enlèvements se multiplient Deux responsables du Hamas ont été enlevés samedi en Cisjordanie dans deux rapts séparés. L'un d'entre eux a été blessé et relâché. Mahdi al-Khamdali, un adjoint au maire de Naplouse, a été extrait de sa voiture par des hommes armés qui l'ont emmené à bord d'un autre véhicule, selon des responsables de la sécurité qui soupçonnent des partisans du Fatah. À Ramallah, d'autres hommes armés ont investi le ministère de l'Intérieur. Ils ont tiré dans les jambes du responsable, un partisan du Hamas, avant de l'enlever. L'otage, libéré un peu plus tard dans une ville voisine, a ensuite été hospitalisé, selon des responsables de la sécurité.