Entre l'Union et la Coalition des syndicats d'art, un nouveau bras de fer s'engage. Après la guerre des communiqués, voici venu le temps des procès. Mais que se passe-t-il entre l'Union des syndicats d'art et la Coalition pour la culture et les arts ? Rien, paraît-il, ne pouvait calmer l'ire vengeresse de l'une ou de l'autre hormis, peut-être, le recours à la justice. C'est désormais chose faite. L'Union des syndicats d'art vient en effet de saisir la justice. Son vice-président, Mostapha Baghdad, nous a affirmé avoir déposé plainte. En quoi la Coalition est-elle alors coupable ? M. Baghdad montre du doigt non seulement la Coalition mais aussi le ministère de la Culture, objet également d'une plainte. En ligne de mire : le fameux accord de partenariat, signé entre la Coalition et le ministère de tutelle, portant sur la couverture médicale. Pour M. Baghdad, le ministère d'Achaâri n'aurait pas dû signer avec une partie au détriment de l'autre. L'Union de M. Baghdad aurait-elle été vraiment «marginalisée»? Créée au début de 2005, l'Union des syndicats d'art est, depuis lors, au centre d'une vive contestation. A preuve, et pas des moindres, la dernière vague de démissions qui l'ont secouée. Après le départ fracassant de son président, Hassan El Joundi, il y a près de deux mois, plusieurs noms sont venus grossir la liste des démissionnaires : Abderrazak El Badaoui, Abdelkbir Cheddati, Abdellatif Dechraoui, Abdessamad Dinya… Hamidou Benmessaoud (Amidou), l'autre membre dirigeant, aurait gelé son adhésion. Reste, maintenant, à savoir pourquoi. En effet, cette «cascade » de départs est la conséquence d'une grave crise qui couvait au sein de l'Union. «Il n'y avait plus aucune disponibilité au travail, et puis des membres dirigeants de cette Union que je m'abstiens de nommer ne cherchaient qu'à satisfaire leurs intérêts personnels», indique l'ex-président de cette Union, Hassan El Joundi. Plus précis, Abdelkbir Cheddati, autre membre démissionnaire, affirme «ne pas comprendre pourquoi M. Baghdad s'était opposé à la couverture médicale en arguant que la priorité devait être accordée à la carte professionnelle». Ce dernier point a en effet été la goutte qui a fait déborder le vase. «Comment un organisme qui prétend défendre les intérêts des artistes a-t-il osé s'opposer au droit des artistes à bénéficier d'un droit tellement attendu?», s'interroge M. Cheddati, perplexe. «L'octroi de la carte professionnelle est le seul moyen de déterminer qui doit bénéficier de cette couverture», répond M. Baghdad. «Il faut avoir d'abord la carte professionnelle pour pouvoir postuler au reste», a-t-il insisté. «Vague réponse», rétorque M. Cheddati, ajoutant que «cette réponse cache de manière à peine voilée une volonté sournoise de torpiller l'effort patient déployé par le ministère de tutelle et la Coalition pour faire bénéficier les artistes de leur droit aux soins». «Grosse dérive», dénonce-t-il, avant de préciser que l'Union des syndicats d'art «a dévié de l'objectif de départ, qui consistait à servir et à ne pas se servir». Une accusation rejetée par M. Baghdad, qui a affirmé que son Union «a consenti de longs sacrifices pour défendre les intérêts des artistes». Une question s'impose à ce propos : après la récente hémorragie qui l'a frappée, l'Union ne court-elle pas aujourd'hui le risque d'imploser ?