La Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ) déplore l'interdiction de la diffusion de l'hebdomadaire «Nichane». Elle affirme toutefois que la pratique journalistique saine doit respecter les valeurs de la société marocaine. La Fédération marocaine des éditeurs de journaux a déploré mardi l'interdiction de la diffusion de l'hebdomadaire arabophone «Nichane», dont le directeur Driss Ksikes et la journaliste Sanaâ Al-Aji devront comparaître le 8 janvier prochain à Casablanca pour «atteinte à l'Islam, à la morale et aux mœurs». «La FMEJ déplore la mesure administrative dont a fait l'objet l'hebdomadaire “Nichane“, et qui a abouti de fait à l'interdiction d'un titre de presse par voie extrajudiciaire», indique un communiqué de cette fédération. Le Premier ministre Driss Jettou a pris mercredi dernier «un arrêté motivé d'interdiction de l'exposition ainsi que la diffusion par quelque moyen que ce soit de l'hebdomadaire «Nichane». Dans son communiqué, la Primature a rappelé que cet hebdomadaire a publié dans son numéro 91 (livraison du 9 au 15 décembre 2006) un dossier consacré aux anecdotes relatives notamment à la religion et contenant des expressions attentatoires à la religion islamique. Sur la base de ce dossier publié sous le titre : «Blagues : comment les Marocains rient de la religion, du sexe et de politique ?», une poursuite judiciaire a été engagée contre l'auteur de ce dossier, la journaliste Sanaâ Al Aji, et le directeur de cette publication, Driss Ksikes, pour «atteinte à la religion islamique» ainsi que pour la publication et la distribution d'écrits contraires à la morale et aux mœurs» et ce conformément aux articles 41, 59, 67 et 68 du code de la presse. La FMEJ évoque le contenu du dossier publié par «Nichane» et affirme, sur la base de sa charte déontologique, «que la pratique journalistique saine doit s'attacher au respect des valeurs qui fondent l'identité collective et les convictions, notamment religieuses, de la société marocaine». Elle considère que «tout ce qui heurte les valeurs constitutives de la société comme étant en dehors de la mission journalistique» et réitère son attachement aux valeurs déontologiques prônées par la charte d'éthique, notamment le respect de la dignité humaine ainsi que le respect des convictions religieuses. La fédération rappelle, en outre, son attachement dans le domaine des affaires de presse à l'application stricte de la loi dans le cadre de procédures de justice qui offrent toutes les garanties de droit aux publications poursuivies dans le cadre d'un procès équitable. Elle prend acte également des excuses présentées par l'hebdomadaire «Nichane». Dans un communiqué, la rédaction de ce magazine arabophone, avait, en effet, réitéré ses vives excuses et s'est engagée à poursuivre son travail en faisant montre de professionnalisme et de respect pour ses lecteurs quelles que soient leur religion et leurs croyances. «Que certains aient été heurtés (suite à la publication de ce dossier), précise le communiqué, nous en prenons acte, et leur présentons volontiers nos excuses. Notre intention n'était pas de heurter quiconque, et évidemment pas d'attaquer l'Islam, étant nous-mêmes musulmans». La décision gouvernementale d'interdire de diffusion «Nichane» a été soutenue lundi par le Mouvement unification et réforme (MUR), qui estime que le dossier publié par cet hebdomadaire «se moque de la foi musulmane». Jetant de l'huile sur le feu, ce mouvement islamiste n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour affirmer que ce dossier «heurte clairement les sentiments des Marocains, de tous les musulmans, comme il porte atteinte aux symboles de la souveraineté de la nation marocaine». Le MUR salue également la position du Conseil supérieur des ouléma et de la Rabita Mohammadia des ouléma qui ont fait part de leur «stupéfaction» et de leur «indignation» après la publication de ce dossier.