L'hebdomadaire «Nichane» a été interdit sur décision du gouvernement. L'interdiction est basée sur l'article 66 du code de la presse. Le Premier ministre Driss Jettou a pris mercredi « un arrêté motivé d'interdiction de l'exposition ainsi que la diffusion par quelque moyen que ce soit de l'hebdomadaire «Nichane» publié en langue arabe». Dans un communiqué, la Primature rappelle que cet hebdomadaire a publié dans son numéro 91 (livraison du 9 au 15 décembre 2006) un dossier consacré aux anecdotes relatives notamment à la religion et contenant des expressions attentatoires à la religion islamique. Sur la base de ces écrits, une poursuite judiciaire a été engagée contre l'auteur de ce dossier, la journaliste Sanâa Al Aji et le directeur de cette publication, Driss Ksikes, pour «atteinte à la religion islamique ainsi que pour publication et distribution d'écrits contraires à la morale et aux moeurs» et ce conformément aux articles 41, 59, 67 et 68 du Code de la presse. Le communiqué de la Primature explique que «compte tenu des dispositions constitutionnelles consacrant l'Islam comme religion d'Etat au Maroc et du rôle de SM le Roi, en sa qualité de Commandeur des croyants et de protecteur de la foi et de la religion, et en prenant en considération l'atteinte que constitue la publication de ces anecdotes à l'encontre des sentiments du peuple marocain, le Premier ministre, es qualité et au nom du gouvernement, en application de l'article 66 du Code de la presse, a pris un arrêté motivé d'interdiction de l'exposition sur les voies publiques ainsi que la diffusion par quelque moyen que ce soit » de cet hebdomadaire. Par ailleurs, ce dossier a suscité la «stupéfaction» du Conseil supérieur des ouléma qui a fait état de sa «grande déception». Le Conseil considère, dans un communiqué publié jeudi, que la décision du gouvernement d'interdire cette publication est «une expression sincère de la conscience et des sentiments de la oumma». Les ouléma qui sont outrés «ont vu dans ce qui a été publié un dépassement du seuil du tolérable en termes d'atteinte à la Divinité, d'outrage à la sacralité du Prophète et de satire contre Ses compagnons, les personnalités distinguées et les saints de la oumma». Lui emboîtant le pas, la Rabita Mohammadia des ouléma qualifie d'«acte odieux » la publication de ce dossier et exprime son soutien à la décision du gouvernement d'interdire ce magazine arabophone. Réagissant à cette interdiction qui frappe «Nichane», l'organisation Reporters sans frontières (RSF) a demandé jeudi aux autorités marocaines de revenir sur leur décision et au Parquet de Casablanca de retirer sa plainte. Les journalistes de «Nichane» ont, pour leur part, exprimé mercredi leur «stupéfaction» et leur «consternation» quant à cette interdiction, assortie d'une plainte du ministère public à leur rencontre pour «atteinte aux valeurs islamiques». «Notre intention, précise un communiqué de cet hebdomadaire, n'était pas de heurter quiconques- et évidemment ne pas d'attaquer l'Islam, étant nous-mêmes musulmans». • Mohammed Khyate mailto:[email protected] Ce que dit l'article 66 du code de la presse "Indépendamment des poursuites judiciaires qui pourraient être intentées en application du présent dahir, le Premier ministre et les autorités administratives locales dans les limites de leur compétence territoriale peuvent interdire, par arrêté motivé l'exposition sur les voies publiques et dans tous les lieux ouverts au public, ainsi que la diffusion par quelque moyen que ce soit sur la voie publique, de toute publication contraire à la moralité publique ou nuisible à la jeunesse (…) Ces arrêtés sont susceptibles de recours devant le tribunal administratif compétent qui doit statuer dans un délai ne dépassant pas 24 heures à compter de la date de présentation de la demande (…)