Le conflit opposant les arbitres Mustapha Maâzouz et de Mouncif El Gourch à la commission centrale d'arbitrage (CCA) s'est transformé en un véritable mouvement de révolte. Plusieurs arbitres ont démissionné. Certains envisagent de saisir la justice. Les hommes en noir voient rouge. La démission des deux arbitres Mustapha Maâzouz et Mouncif El Gourch a provoqué un effet de «boule de neige». Plusieurs autres arbitres ont décidé de “rendre leurs tabliers“ pour protester contre la situation de l'arbitrage au Maroc. Certains d'entre eux envisagent même de poursuivre en justice la Commission centrale d'arbitrage (CCA). L'affaire a débuté il a y deux semaines lorsque les deux arbitres Mustapha Maâzouz et Mouncif El Gourch ont accusé la CCA de les avoir privés du statut d'arbitre international en 2006. M. Maâzouz, qui assure avoir mérité cette promotion de la FIFA, a affirmé que leurs dossiers de promotion auraient été communiqués tardivement à la FIFA. «Moi et Mouncif El Gourch méritons depuis longtemps cette promotion. Nous avons les compétences nécessaires pour avoir le grade d'arbitre international. Ce statut ne nous a pas été accordé au motif que nous avons atteint la limite d'âge (38 ans). Le retard enregistré dans l'envoi de nos dossiers est prémédité. Je n'y vois pas d'autres explications. La CCA nous barre la route. Les arbitres marocains vivent un grand malaise et ce problème a été la goutte qui a fait déborder le vase», précise Mustapha Maâzouz. Interrogé par ALM, Idrissi Mohammed Boulid, président de la commission d'arbitrage du Grand Casablanca, développe un autre point de vue. «L'âge minimum d'un arbitre international était de 45 ans. La CCA a reçu, le 31 août dernier, une circulaire de la FIFA. Selon cette nouvelle circulaire, l'âge minimal est revu à la baisse : 38 ans. La commission ne pouvait prévoir une telle décision. Et lorsque les dossiers de ces deux arbitres sont parvenus à l'instance internationale, il était déjà trop tard», a-t-il affirmé. Mohamed Moujjah, arbitre de la ligue centre du Nord à Fès, également démissionnaire, lui dresse, un tableau sombre de l'arbitrage marocain en tirant à boulets rouges sur la CCA. «L'arbitrage connaît de sérieux problèmes à tous les niveaux. Prenons, par exemple, le cas de la formation. La CCA n'élabore pas un programme prédéfini pour permettre aux arbitres d'évoluer. Pis encore, la commission fait du clientélisme. Il est, d'ailleurs, aberrant d'avoir un seul arbitre international à Fès et un seul à Rabat, alors qu'il y en a deux à Taza et deux à Tadla», tonne M. Moujjah. Actuellement, sept autres arbitres appartenant à plusieurs ligues, ont suivi ce mouvement de protestations. Parmi eux, on retrouve Abderahman Sahel, Ahmed Mouhib et Tawfik Mellouk. À en croire Mustapha Maâzouz, le cercle est en train de s'élargir. Les arbitres de la Ligue du Grand Casablanca comptent observer prochainement un sit-in. Certains arbitres ont décidé de porter un brassard en guise de protestation et d'autres envisagent d'attaquer la commission d'arbitrage en justice. «Nous avons le soutien des certaines d'associations sportives et d'un grand nombre d'avocats. Et nous comptons poursuivre la CCA en justice. On ira jusqu'au bout pour faire valoir nos revendications», a déclaré Mohamed Moujjah. Comment devenir arbitre Contrairement à plusieurs pays, le Maroc ne dispose pas de centres de formation spécialisé pour les arbitres. En effet, les stages de formation sont assurés par les Commissions régionales d'arbitrage (CRA) et la Commission centrale d'arbitrage (CCA). Les candidats souhaitant devenir arbitres doivent d'abord remplir certaines conditions générales (âge, niveau d'études…). Après avoir passé une première de formation, ils peuvent devenir des arbitres stagiaires, puis arbitres de Ligue, arbitres inter-ligue et enfin arbitres fédéraux. Seul un arbitre fédéral est apte à diriger un match de GNF. Enfin, le dernier grade est celui d'arbitre international délivré par la FIFA.