A 24 heures de l'entrée en vigueur de la réforme portuaire, Administration et syndicats cherchent toujours un terrain d'entente. C'est en principe aujourd'hui, lundi 4 décembre 2006, que l'Administration recevra officiellement la dernière proposition écrite du syndicat des dockers de bord. Une réunion devrait suivre dans l'après-midi pour dégager une solution avant demain, mardi, jour d'entrée en vigueur de la réforme portuaire. C'est dire que dans moins de 24 heures, deux des cinq stevedores devront rendre le tablier. Ces deux opérateurs ont adressé samedi dernier une lettre au ministère de l'Equipement et des Transports demandant des concessions. Quant aux trois autres manutentionnaires, soit l'UDEMAC, Manuco et la LCE, ils ont fusionné en une seule entité appelée Somaport, officiellement constituée depuis le 30 novembre 2006, avec un capital de 100 millions de dirhams. Le syndicat des dockers propose désormais une convention collective pour 800 travailleurs qui seront incorporés à la Somaport, contre 1090 exigés jusque-là. Sur ce point, la Somaport a déjà fait savoir qu'elle pourrait employer 800 ouvriers. Reste à résoudre le cas des 290 dockers restants. Une clé de répartition entre une formule de départ volontaire ou le redéploiement entre la Sodep (Société d'exploitation des ports) et l'Agence nationale des ports) est probable. Ces deux entités, issues du démembrement de l'ODEP, ont tenu respectivement leur conseil de surveillance et leur conseil d'administration, vendredi 1er décembre, sous la présidence de Karim Ghellab, ministre de l'Equipement et des Transports. L'occasion pour celui-ci de s'expliquer: «Cela permet en premier lieu de clarifier les rôles des différents intervenants dans le secteur en séparant les missions de régulation et d'autorité, désormais confiées à l'ANP, des activités commerciales dévolues à Sodep concurremment avec des opérateurs publics et privés», a expliqué le ministre. L'ANP est un établissement public doté de l'autonomie financière qui permet de mettre en œuvre la réforme et d'actionner tous les leviers de développement potentiels ou opportuns. Pour 2007, l'Agence vise un chiffre d'affaires de 1,017 milliard de dirhams pour des charges d'exploitation estimées à 847 millions de dirhams et une valeur ajoutée de l'ordre de 500 millions de dirhams. L'Agence, qui démarre avec un effectif de 756 salariés, pourra-t-elle employer d'éventuels dockers au terme d'un accord entre le syndicat et l'Etat ? Une question qui s'applique aussi à la Sodep qui a tenu son premier conseil de surveillance vendredi. L'occasion pour Mohamed Abdeljelil, nommé à la tête de la Sodep, de présenter le périmètre du contrat de concession de 30 ans signé avec l'ANP pour l'exercice des activités portuaires dans les ports de Nador, Al Hoceïma, Tanger, Mohammédia, Casablanca, Jorf Lasfar, Safi, Agadir, Laâyoune et Dakhla. Concernant le cas particulier du port de Casablanca, où le partage des quais constituait l'un des points litigieux durant les négociations entre l'Etat et les stevedores, la Sodep hérite d'un portefeuille qui la place déjà en pole position. D'où des prévisions optimistes, avec un chiffre d'affaires attendu à 158 millions de dirhams pour ce mois de décembre et à 1,5 milliard de dirhams pour 2007.