Un rare moment de lucidité pour le journal algérien "Ech-chourouk Al Yaoumi". L'un de ses éditorialistes remet en cause la reproduction par la presse de la prose de la diplomatie algérienne sur le Sahara. Edifiant ! Le quotidien algérien "Ech-Chourouk Al Yaoumi", aux prises avec la justice algérienne, est l'auteur d'une position inédite à l'égard du dossier de l'intégrité territoriale marocaine. L'un de ses éditorialistes, Rachid Ould Boussiafa (vraisemblablement un pseudonyme), remet en cause la légalité de la reprise, par les journaux algériens, des communiqués de la diplomatie de son pays concernant le dossier du Sahara et s'interroge sur l'attitude à adopter au cas où Rabat initierait des poursuites contre les publications éditées à Alger. «Si tel est le cas, nous n'écartons pas l'éventualité de plaintes en justice du Roi Mohammed VI pour nous poursuivre pour atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du Royaume marocain et ce pour la simple publication des communiqués du ministère des Affaires étrangères algérien favorables à la république sahraouie», écrit Ould Boussiafa dans un coléreux éditorial publié par "Ech-Chourouk Al Yaoumi" après le verdict prononcé contre ce journal, ses responsables et journalistes, par la justice algérienne dans le cadre d'une plainte du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Pour cet éditorialiste, les journalistes d'"Ech-Chourouk Al Yaoumi" avaient été sanctionnés pour avoir "défendu l'intégrité territoriale" de l'Algérie face aux "prétentions" de la Libye et de son dirigeant. Il s'agit là d'un petit chef-d'œuvre, fruit d'un rare moment de lucidité de la part d'un journal dans la tourmente et qui ose, pour une fois, s'attaquer ouvertement à l'acharnement d'Alger à contester l'intégrité territoriale du Maroc. Le reste de la presse algérienne pourrait-il être capable d'une telle "crise de conscience" qui ne devrait nullement être passagère ? Car, dans les faits, il s'agit d'une presse qui s'aligne sur le pouvoir en place qui abrite et défend une organisation armée qui menace la stabilité d'un pays voisin. D'autant plus qu'il a été avéré que cette organisation de mercenaires ne menace pas uniquement le Maroc, mais la stabilité de toute une région depuis que des polisariens se sont mis à traficoter avec les groupes terroristes qui s'activent dans la région sahélo-algérienne. Un verdit lourd de sens Ali Fodil et Naïla Berrahal, respectivement directeur et journaliste à "Ech-Chourouk Al Yaoumi" ont écopé de six mois de prison ferme assortis d'une amende de 20.000 dinars chacun. "Ech-Chourouk Al Yaoumi" devra en plus être suspendu pour une période de deux mois. La publication et ses journalistes ont été condamnés sur la base d'une plainte de Mouammar Kadhafi pour diffamation quand "Ech-Chourouk Al Yaoumi" a publié des articles mettant en garde contre les menaces qui planeraient sur l'intégrité territoriale algérienne après les propos du dirigeant libyen relatifs au "regroupement des tribus du Grand Sahara". "Ech-Chourouk Al Yaoumi" avait écrit que Mouammar Kadhafi aurait même envoyé "ses agents" dans la région de Tamanrasset pour "mobiliser" les Touaregs algériens.