Plus de 4.000 personnes ont manifesté leur colère contre les Etats-Unis et l'armée pakistanaise suite au bombardement d'une école coranique. La population pakistanaise s'est enflammée contre les Etats-Unis et l'armée pakistanaise au lendemain d'un raid contre une école coranique. Ce raid a coûté la vie à une centaine de militants islamistes présumés. Selon des témoins, toutes les victimes du bombardement étaient de simples étudiants. Au moins trois hélicoptères ont attaqué l'école à l'aide de missiles, alors que la plupart de ses occupants dormaient encore ou se préparaient à la première des cinq prières quotidiennes. Selon des habitants de la zone bombardée, l'attaque aurait été menée d'abord par des avions sans pilote, puis par des hélicoptères. Les divers responsables islamistes ont attribué la responsabilité du raid aux Etats-Unis. Plus de 4.000 personnes se sont donc rassemblées mardi matin dans la zone tribale pakistanaise pour manifester leur colère contre les Etats-Unis et l'armée pakistanaise suite au bombardement de l'école coranique. «Mort à l'Amérique», «Mort à Bush», «Mort à Musharraf», scandaient les manifestants réunis à Khar, principale localité du district de Bajaur,située à 200 km au nord-ouest d'Islamabad et à quelques kilomètres de la frontière afghane. Intervenant lors d'un séminaire sur la sécurité à Islamabad, le président pakistanais Pervez Musharraf a assuré que les quelque 80 personnes tuées lundi étaient tous des militants qui recevaient un entraînement militaire. «Quiconque affirme que ces gens étaient d'innocents étudiants raconte des mensonges», a assuré le général Musharraf. «Ils étaient sous observation depuis six ou sept jours. Nous savions exactement qui ils étaient et ce qu'ils faisaient ». Suite à la prise de contrôle totale de l'Afghanistan par la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan au début du mois, les 31.000 soldats de celle-ci et les 10.000 de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis font face à une intensification des attaques, surtout dans le Sud et l'Est de l'Afghanistan. Cette tension a favorisé les déplacements des Talibans dans les zones frontalières entre l'Afghanistan et le Pakistan. Le nord du Pakistan est, de fait, considéré par les Etats-Unis comme un sanctuaire pour les Talibans engagés contre les forces internationales. Bajaur, un des sept districts de la zone tribale semi-autonome pakistanaise qui borde l'Afghanistan sur quelque 600 km avait été en janvier le théâtre d'une attaque visant la présence présumée du numéro deux d'Al-Qaïda, l'Egyptien Ayman Al-Zawahiri. L'attaque avait fait une vingtaine de morts. Samedi, plusieurs milliers de personnes s'étaient réunies dans ce même district lors d'une réunion publique pour proclamer leur soutien au chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden et au chef des Talibans, le mollah Mohammad Omar, qui vivent tous les deux dans la clandestinité, et leur volonté de poursuivre le jihad pour « l'établissement de la loi islamique ». Cela fait plus de trois années que les autorités pakistanaises mènent un combat acharné contre le terrorisme. Depuis octobre 2003, l'armée pakistanaise a mené dans la zone tribale de nombreuses opérations contre les Talibans qui y avaient trouvé refuge après la chute du régime fondamentaliste en Afghanistan fin 2001, leurs alliés étrangers présumés liés à Al-Qaïda et leurs sympathisants locaux.