Environ 25 antennes marocaines seront créées dans des pays cibles. La promotion sera financée par une réorientation de la taxe parafiscale à l'importation au détriment du budget de quatre administrations publiques. Le nouveau plan du ministère du Commerce extérieur pour l'export est fin prêt. Mustapha Mechahouri en fera bientôt une présentation au patronat puis au gouvernement. Mais les modalités d'application de cette réforme ont déjà été inscrites dans la loi de Finances 2007. Le reste se fera sous forme de décret. En gros, le département de Mustapha Mechahouri propose de faire passer le budget de la promotion à 400 millions de dirhams en période de croisière. Cette manne servira à la mise en place de 25 antennes ainsi que la mise en place de relais dans les pays dits cibles. Les antennes seront situées, selon la première proposition, au Maghreb (Algérie), à Dubaï (plate-forme pour le Moyen-Orient), au Sénégal (plate-forme pour Afrique de l'Ouest). Pour l'Union européenne, la France, l'Espagne-Portugal, l'ensemble Allemagne-Autriche-Pologne- et le Royaume-Uni (qui couvrira la Scandinavie) sont retenues. Deux antennes seront ouvertes aux USA, notamment en Floride. Parmi les dix pays relais, figurent la Turquie, la Chine et la Russie ainsi que la Belgique et le Japon. De même, il est question de renforcer le rôle des Conseils économiques, organes dépendant du ministère des Affaires étrangères. Cette réforme, en phase d'élaboration depuis décembre 2005 entre le ministère, l'ASMEX, le CMPE et les différentes associations du secteur, repose sur la réorientation de la Taxe parafiscale à l'importation (TPI), laquelle s'est plafonnée à 255 millions de dirhams en 2005. Désormais, à partir 2007, la part allant aux établissements publics que sont l'ANPME (agence pour la promotion de l'emploi), la Maison de l'artisan, le CMPE (Centre marocain de promotion des exportations), l'EACCE (Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations) sera bloquée au niveau de l'exercice 2005. En tout, cette rétention qui, selon le ministre lui-même, n'influera pas sur le fonctionnement de ces organismes publics, permettra de dégager 175 millions de dirhams sur la période 2006-2010. La mise en place d'une politique de proximité découle du diagnostic tripartite réalisé avec le CMPE et les associations. «Nous nous sommes rendus compte que depuis les années 2000 le bilan des exportations est préoccupant. Notre offre n'est pas adaptée à la demande étrangère, nous travaillons essentiellement avec les marchés traditionnels dont l'Europe qui absorbe 2/3 de nos exportations». Plus grave encore, un certain essoufflement se fait sentir dans les phosphates et les agrumes, secteurs où l'absence de recherches se fait sentir. Le Royaume accuse sur la période une perte de compétitivité par rapport aux pays arabes et à ceux nouvellement admis dans l'Union européenne. Une forte concurrence frappe de plein fouet des produits essentiels tels que le textile, le cuir, les tomates, les oranges et les clémentines. A cela, il faut ajouter une politique de change qui n'arrange pas toujours les opérateurs, et une conjoncture défavorable marquée par un net renchérissement du dirham par rapport au dollars. La multitude des intervenants (3 administrations, 6 établissements publics et 17 associations) n'est pas pour faciliter la coordination. L'insuffisance de la promotion à l'exportation interdit toute politique de proximité. Le Maroc a consacré 250 millions de dirhams à cette fin en 2005 contre 700 millions de dirhams pour la Tunisie, 1 milliard de dirhams pour l'Egypte et 1,5 milliard pour la Turquie. «Le budget de 400 millions de dirhams en rythme de croisière que nous avons proposé au gouvernement représente 5/1000 des exportations et nous permettra d'inverser la tendance», déclare-t-on au ministère. Cette stratégie à l'export s'inscrit dans un plan de réforme globale du commerce extérieur marocain. La réforme va de pair aussi avec le plan Emergence lequel prévoit une diminution de 50% du déficit commercial. Droits de douanes : une baisse à deux niveaux Aujourd'hui, le Maroc a adopté une stratégie de démantèlement des droits de douanes sur plusieurs secteurs dont les textiles, le cuir et tous les produits qui entrent massivement au Maroc par la contrebande. Deux mesures sont prises. La première concerne les produits finis comme les cartons, papiers, mais aussi la cosmétique, lesquels verront leurs taux maximum baisser de 50 à 40%. D'ici 2010, ce maximum sera ramené à 20%, de manière, estime le département du Commerce extérieur, «à diminuer l'écart entre le régime préférentiel né des accords de libre-échange et le régime du droit commun». Autre mesure, révolutionnaire, ramener les droits de douanes sur la matière première (intrants) à 2,5%. De quoi redonner le sourire aux agriculteurs et aux industriels.