Après les protestations de l'Alliance nationale de santé libérale, c'est au tour des cardiologues du secteur privé de s'insurger contre les tarifications décidées dans le cadre de l'application de l'AMO. Les tarifications proposées dans le cadre de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) ne cessent de soulever des tollés dans le secteur privé. La Fédération marocaine des cardiologues privés envisage d'observer une grève devant la CNOPS. La date n'a pas été encore fixée, mais cela ne saurait tarder à en juger par la tension qui s'amplifie dans le secteur. Une vingtaine de cardiologues se sont réunis, samedi dernier à Skhirat, pour évaluer l'état des lieux et surtout décider d'agir contre le fait que «la CNOPS n'ait cherché, à aucun moment, à trouver un consensus ni à se réunir avec les cardiologues pour essayer de trouver une solution », indique la Fédération marocaine des cardiologues. Cette solution réside dans la modification de la tarification que ces médecins affirment être en dessous des services rendus. Ils estiment ainsi que la baisse des prix ne peut se faire qu'au détriment de la santé du patient et non pas en faveur d'un meilleur accès aux soins. « La baisse aura pour conséquence un retour en arrière et une régression de la qualité des soins », souligne la fédération. Ces cardiologues insistent, également, sur le fait qu'ils n'ont pas été informés de l'ébauche de la convention qui a été signée le 28 juillet. Du coup, le conflit a éclaté : «nous sommes prêts à baisser nos prix, mais pas qu'on nous ampute 40%», déclare Mustapha Chibani, président de cette fédération. La CNOPS, elle, estime que la convention se base «sur la maîtrise du coût des actes médicaux». Mais les cardiologues, eux, se montrent convaincus du fait que le coût de la maintenance des appareils cardiologiques n'a pas été pris en compte. Ils légitiment ainsi leur refus d'appliquer la tarification et cela veut dire que les patients paient leur cotisation, mais sont privés de la prise en charge.Dans le secteur médical privé, il n'y a pas que les cardiologues qui dénoncent la tarification AMO, l'Alliance nationale de santé libérale adhère aussi à la protestation. A l'issue de son congrès tenu le 17 septembre à Casablanca, l'alliance a exprimé son refus des tarifications, mais en avançant d'autres arguments. «Ces tarifications sont supportées par les petits revenus des salariés publics et privés alors que les gros salaires ne cotisent qu'à hauteur de 400 DH», souligne-t-elle dans un communiqué. «On demande aux Ordres médicaux professionnels une prise en charge à tarification secteur public», explique le Dr. Saâd Benmansour, président délégué de l'Alliance. En d'autres termes, ces médecins du privé se disent prêts à assurer des consultations en faveur des personnes démunies n'ayant droit qu'à la RAMED à 30 DH pour une consultation chez un généraliste et à 60 DH lorsqu'il s'agit de spécialiste. Pour les bénéficiaires de l'AMO, l'Alliance propose une grille de tarification en fonction du pouvoir d'achat de chaque patient. Cette grille va de 60 DH à 120 DH pour une consultation chez le généraliste et de 120 DH à 220 DH pour une consultation chez le spécialiste. S'ajoutent à cela, des tarifications progressives pour tout acte spécialisé ou hospitalisation. «La santé publique a été appauvrie par les départs volontaires et la privatisation. Plus de 80% des médecins exercent à présent dans le privé et c'est pour cela qu'il faut penser à une tarification équitable et non uniforme», affirme le Dr. Benmansour. Malgré son principe visant à alléger le poids financier des soins, l'AMO semble mal partie du point de vue de bon nombre de professionnels.