Mahmoud Ahmadinejad, qui inaugurait samedi une usine de production d'eau lourde destinée à alimenter un réacteur nucléaire, a déclaré que l'Iran n'est pas une menace pour Israël. Alors que les Etats-Unis brandissent «l'arme» des sanctions économiques si, d'ici le 31 août, Téhéran ne suspend pas l'enrichissement d'uranium, le président iranien, Ahmadinejad, escorté de caméras de télévision, est sorti samedi pour inaugurer une nouvelle usine de production d'eau lourde. Une preuve, une de plus, que le pouvoir iranien est déterminé à défendre jusqu'au bout son «droit» à la technologie atomique. «On ne peut priver aucun peuple de ses droits, et le peuple iranien défendra avec force ses droits» à la technologie nucléaire, a déclaré le président Ahmadinejad dans une conférence de presse, à l'issue de l'inauguration de cette usine. Celle-ci, inaugurée à 50 km au Nord-ouest d'Arak (centre), est destinée à alimenter en eau lourde un réacteur nucléaire en état de construction. D'après le vice-président de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Mohammad Saïdi, le réacteur en question serait un pur produit iranien. Ce dernier vient ainsi renforcer un arsenal nucléaire inspirant de plus en plus d'inquiétude pour les pays occidentaux, avec à leur tête les Etats-Unis. L'Iran, quant à lui, affirme vouloir construire une vingtaine de centrales nucléaires d'ici 20 ans, avec une capacité de 20.000 watts. Mais voilà, cette ambition risque d'être contrée par un Conseil de sécurité, certes divisé sur le dossier iranien, mais qui voit d'un œil prudent les grandes avancées technologiques que Téhéran a accumulées ces dernières années. Parallèlement à la percée nucléaire éclatante, l'Iran a réussi à développer une technologie de pointe en matière de fabrication de missiles. Le dernier missile à avoir été testé s'appelle «Coup de foudre». Ce missile d'une portée allant de 80 à 250 km a été testé «avec succès» la semaine dernière, lors de récentes manœuvres militaires. D'où la levée de boucliers au sein du Conseil de sécurité, qui avait donné jusqu'au 31 août pour que l'Iran suspende l'enrichissement d'uranium. Téhéran avait opposé une fin de non-recevoir à cet ultimatum, tout en se disant prête à des «négociations sérieuses » avec l'Occident. En fait, le point de discorde entre Téhéran et les cinq pays membres du Conseil de sécurité, en plus de l'Allemagne, est lié à une question de timing. Washington, aussi bien que Paris, avaient rejeté «toute négociation» avant la suspension de l'enrichissement d'uranium. La Maison-Blanche avait déjà réitéré ses menaces de sanctions économiques, sans exclure l'option militaire contre Téhéran. Mais le langage de la menace ne semble pas inquiéter outre mesure le pouvoir iranien, qui parie déjà sur un soutien fort de la part de ses deux vieux alliés : la Russie et la Chine. Moscou et Pékin avaient mis en garde contre toute « précipitation» dans la prise de sanctions contre un pays avec lequel elles ont des rapports d'échange économique très solides. D'éventuelles sanctions contre l'Iran risque d'affecter également le marché de brut international, sachant que l'Iran est le quatrième producteur de pétrole dans le monde. On comprend pourquoi Téhéran est restée déterminée à aller de l'avant, en dépit des menaces agitées par la Maison-Blanche. «Les ennemis, qu'ils le veuillent ou pas, doivent savoir que le peuple iranien a pris sa décision pour faire des progrès ; ils doivent accepter la réalité d'un Iran puissant, développé et partisan de la paix». Une paix armée, en quelque sorte.