La réunion de quelques dirigeants du PSU avec le ministre délégué à l'Intérieur, Fouad Ali El Himma, a suscité un grand tapage médiatique. Le SG de ce parti, Mohamed Moujahid, en défendant l'opportunité de cette rencontre, remet le débat à sa place. Entretien. ALM : Vous avez récemment tenu, en compagnie de MM. Sassi et Hafed, une réunion avec le ministre délégué à l'Intérieur, Fouad Ali Al Himma. Pourriez-vous nous dire la teneur de cette réunion ? Mohamed Moujahid : Lors de cette réunion, nous avons évoqué avec le ministre les points de vue du Parti socialiste unifié (PSU). Nous avons discuté, entre autres sujets, des législatives de 2007, exprimé nos griefs au sujet du seuil de 3% imposé aux nouveaux partis, dont le PSU, pour présenter leurs candidatures. A ce propos, nous avons réitéré notre refus absolu de ce seuil et réaffirmé notre attachement à notre droit constitutionnel de prendre part aux prochaines échéances électorales. Le seuil de 3% est, en plus, contraire aux règles de la démocratie ; ce seuil, cité dans le texte de projet de loi portant Code électoral, nous met absolument hors-jeu. Cette réunion a suscité une vive polémique, au point qu'un membre du PSU, Mohamed Hamdi, avait démissionné du Bureau politique pour protester contre son «illégalité». En tenant cette réunion, avez-vous failli à la ligne directrice de votre parti ? C'est inconcevable qu'une rencontre informelle puisse avoir comme conséquence le changement de notre position à l'égard du pouvoir. En restant attachés à nos principes de base, nous demeurons également ouverts au dialogue. Notre réunion avec un responsable de l'Etat était destinée à l'échange d'idées sur des questions politiques ; nous avons également notre point de vue sur les moyens à mettre en place pour l'édification d'une économie viable, capable d'affronter les défis de la mondialisation qui ne cessent, d'ailleurs, de s'aggraver. S'agissant de la problématique sociale qui entrave la marche de notre pays, il est nécessaire, voire urgent, de mettre en place un programme national de lutte contre la pauvreté, la marginalisation ; nous avons besoin d'un véritable plan social pour une répartition équitable des richesses du pays. Maintenant, s'agissant de Mohamed Hamdi, je précise que ce dernier n'était pas contre la réunion en question, il voulait simplement être informé avant sa tenue. Mais là, nous n'avons rien à nous reprocher. Sachant que le Bureau politique du PSU comprend 27 membres, Mohamed Sassi a jugé suffisant d'informer et le secrétaire général et le secrétariat du Bureau politique. Il n'y avait donc aucun problème de fond. En ce qui concerne la démission, aucune notification ne nous a été faite. Certains vous reprochent le caractère radical de votre position à l'égard du pouvoir. En quoi cette position dérange ? Revendiquer des réformes constitutionnelles ne peut être considéré comme une position radicale. Nous militons simplement pour la réunification de toutes les conditions nécessaires à la pratique démocratique, entre autres la responsabilisation du gouvernement sur la base d'élections libres, transparentes, et crédibles, la séparation des pouvoirs, l'indépendance de la Justice… S'agissant des prérogatives de SM le Roi, nous avons toujours milité pour que le Souverain garde la haute main sur les grands dossiers du pays: la Commanderie des croyants, la gestion du champ religieux, les Affaires étrangères avec le gouvernement, l'état d'exception, les Forces Armées Royales, sachant que le Roi est le garant de l'intégrité territoriale et de l'unité du pays. Quelle est votre position sur la question du Sahara ? Nous sommes l'un des premiers partis à avoir revendiqué une solution politique négociée au conflit autour du Sahara, je réaffirme qu'il s'agit là d'une solution adéquate pour clore le dossier parce que cette solution permet aux habitants du Sahara de gérer eux-mêmes leurs affaires locales, dans le cadre de la souveraineté marocaine.