L'Inter Milan a été désigné champion d'Italie par la Fédération italienne de football à la suite du procès en appel des matches truqués du Calcio. Une décision qui a reçu un accueil très mitigé en Italie. Le malheur des uns fait le bonheur des autres. Après la condamnation de la Juventus Turin et de l'AC Milan dans le procès en appel des matches truqués du Calcio, c'est à l'Inter Milan, troisième en Série A du classement 2005-06, qui est revenu le titre de champion d'Italie. «En cas de sanctions qui provoquent des changements de classement, comme des points de pénalité ou des rétrogradations à la dernière place, (...) il est prévu l'attribution automatique du titre de champion d'Italie à l'équipe qui devient la première au classement», explique un communiqué de la Fédération italienne de football. La Juventus Turin avait remporté sur le terrain le championnat 2005-06 devant l'AC Milan, mais ces deux clubs ont été condamnés en appel mardi soir par la justice sportive pour leur implication dans le scandale des matches truqués. Le commissaire extraordinaire de la FIGC, Guido Rossi, a précisé que la décision a suivi l'avis consultatif d'une commission d'experts sur cette question. Le scandale du Calcio avait éclaté en mai avec la publication d'écoutes de conversations téléphoniques entre l'ancien directeur général de la Juve Luciano Moggi et de hauts responsables de la fédération italienne (FIGS) chargés de désigner les arbitres des matches du championnat italien. La presse italienne avait alors comparé ce scandale à celui des "mains propres" : une opération judiciaire lancée en 1992 contre la corruption du monde politique italien et qui a abouti à la disparition de partis comme la Démocratie chrétienne (DC) et le Parti socialiste italien (PSI). Sur les colonnes des journaux, on parlait même d'une opération "pieds propres" qui allait changé le monde du football italien. Mais après le verdict de la Cour fédéral d'appel, l'ensemble des observateurs locaux ont exprimé leur déception. En effet, seule la Juventus de Turin avait été reléguée en 2e division avec 17 points de handicap la saison prochaine. L'AC Milan de Berlusconi, qui s'est vu retirer 30 points au classement, pourra même participer au troisième tour préliminaire de la Ligue des champions la saison prochaine. Pour le club milanais, tout dépendra de l'Union européenne de football (UEFA) qui a affirmé, jeudi dans un communiqué, avoir reporté au 2 août sa décision sur l'inscription du club au 3e tour préliminaire de la Ligue. Il n'y a pas eu donc d'opération "pieds propres". Le verdict de la justice italienne a été qualifié par la presse transalpine de «coup d'éponge inacceptable», de «sentence démocrate-chrétienne» ou encore de «comédie à l'italienne», où tout est bien qui finit bien. Pour "La Repubblica", c'est un «épilogue honteux d'un grand procès». La décision de donner le titre de champion à l'Inter Milan n'a fait qu'augmenter ce malaise. «Il aurait mieux fallu archiver cette saison avec un trou noir, bien visible, pour marquer d'infamie l'année 2006», a commenté un des éditorialistes du journal "La Repubblica". Récemment, le gouvernement italien a proposé une nouvelle loi qui vise à répartir plus équitablement entre les différents clubs de football les revenus générés par les droits de diffusion des matches. Cette loi aboutira à un retour au système antérieurement en vigueur en Italie, où les droits de diffusion étaient négociés collectivement et répartis de façon équitable entre les clubs. Le système actuel a permis aux équipes-stars du Calcio de gagner dix fois plus que les petites équipes du championnat puisque les diffuseurs négocient chacun séparément avec les clubs italiens. Et finalement, le changement tant attendu dans le milieu du football italien n'est pas venu de la justice sportive qui s'est montrée peu courageuse.