L'année dernière, 954 000 tonnes d'engrais ont été commercialisées au Maroc. Ce qui ne représente que le tiers des besoins réels du pays. Parallèlement, un transfert important de la demande des pays riches vers les pays qui le sont moins, s'est opéré. Un pan entier porteur en valeur ajoutée s'ouvre ainsi pour les engrais marocains. L'entrée du Fonds institutionnel américain AIG Africain Infrastructure Fund LLC, au capital de 168 milliards de dollars, dans le tour de table de la société Charaf, spécialisée dans les engrais, au-delà de sa dimension purement financière, renseigne sur un secteur des plus porteurs. Au côté de noms prestigieux comme la Société Financière Internationale (filiale de la Banque mondiale), la Banque africaine de développement, la Banque européenne d'investissement et la Proparco (filiale de l'Agence française de Développement), cette prise de participation témoigne de la confiance placée en la société mais également en son secteur d'activité. La jeune société revendique aujourd'hui le rang de numéro deux du marché marocain des engrais, derrière Fertima. «Notre potentiel de développement est faible », explique Amine Kandil, directeur général qui garde toujours un regard sur les indicateurs de consommation d'engrais au Maroc. L'année dernière, 954.000 tonnes ont été commercialisées, ce qui ne représente que le tiers des besoins réels du pays. « Nous devons développer le marché et produire des engrais plus adaptés à nos régions », poursuit-il. Pour rappel, depuis 2001, Charaf s'est lancé dans la production d'engrais, avec la mise en route d'une unité complète de production de mélanges d'une capacité de 100.000 tonnes par an. L'entreprise détient aujourd'hui plus de 20% des parts de marché du secteur des engrais et 30 % des importations du secteur. Entre 1995 et 2002, son chiffre d'affaires est passé de 6 à 303 millions. Globalement, l'industrie des engrais produit quelque 360 millions de produits fertilisants, équivalant à près de140 Mt d'éléments nutritifs qui sont utilisés dans plus d'une centaine de pays essentiellement à des fins agricoles. Ces 140 Mt d'éléments nutritifs sont appliqués sur environ 80 % des terres arables mondiales, représentant plus de 1.4 milliard d'hectares. Au cours des 40 dernières années, la superficie mondiale des récoltes de céréales est restée relativement constante autour de 650 Mha, alors que la production des denrées agricoles augmentait de 2.4 fois. Cet accroissement a été soutenu par un rendement soutenu des récoltes qui a presque triplé, passant de 1.3 T/ha à 3.1 T/ha. Les engrais ont joué un rôle significatif dans cette croissance, contribuant à près de 40 % de l'augmentation des rendements agricoles. Près de 60 % des engrais sont utilisés dans la production céréalière, 10 % sur les pâturages, 8 % dans les productions d'huiles, et le reste sur les cultures de rente telles que le sucre, les fruits et légumes, le coton et l'horticulture. L'importante corrélation entre la consommation d'engrais et la production agricole (cultures céréalières, le riz et le coton) permet de faire ressortir des tendances de consommation potentielle à moyen terme. Évidemment, le contexte macro-économique, les politiques agricoles et les mesures de soutien des prix des denrées agricoles et des engrais auront un effet déterminant sur les transactions, la distribution et la consommation mondiale des engrais. Un survol des tendances agricoles permet seulement de dresser un profil possible, quelquefois optimisé, de la future demande d'engrais. En octobre dernier, une convention a été signée entre l'Etat marocain et la société Maroc Phosphore portant sur la réalisation d'un atelier de production d'engrais à Safi pour 60 millions de DH, la réalisation d'une nouvelle ligne de production d'engrais à Jorf Lasfar pour 735 millions de DH et la mise en place à Safi d'un système de réduction des émissions de SO2 et CO2 et de la facture énergétique pour 300 millions de DH. Le projet global nécessitera un investissement de 1.095 millions de DH Les exportations d'engrais solides (DAP, MAP et TSP) ont totalisé 2,2 millions de tonnes en 2002, contre 2,4 millions de tonnes en 2001. Pour ce qui est des engrais, les ventes ont totalisé 394.000 T, soit une amélioration de 12 % comparée à la campagne précédente et de 22 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Ces ventes se répartissent entre les engrais de fond (251.000 T) et les engrais de couverture (143.000 T). L'intérêt des phosphates, dont plus de 80% de la production mondiale est utilisée par l'agriculture, tient au fait que toutes les plantes, cultivées ou non, ont un besoin incontournable de phosphore pour leur croissance et leur existence. Il en résulte une augmentation de la demande en engrais phosphatés, que reflète la production mondiale de phosphates. Celle-ci était de 42 MT en 1960, 77 MT en1969, 110 MT en 1974, 132 MT en 1980, 162 MT en 1990, 133 MT en 1996 et de 128 Millions de Tonnes en 2001. Cependant, une constante s'impose. Il y a eu un transfert important de phosphates des pays riches vers les pays moins riches et en même temps une pause de la demande mondiale en phosphates. Là réside assurément une chance supplémentaire pour le Maroc.