Cela fait soixante ans que cela dure, les mêmes qui attendent la victoire du Hezbollah ont cru aux communiqués d'un Sahhaf en Irak ou au rendez-vous de Nasser, le 4 juin 67, à Tel Aviv. Une séquence télé est parfois beaucoup plus explicite qu'un livre savant. Il y a quelques jours, il ne fallait pas rater «Aljazeera» pour comprendre la pathologie ou les pathologies du monde dit arabe. Un missile sol-air du Hezbollah avait touché un «corps indéterminé», l'image montrait des enfants faisant le signe de la victoire, le présentateur appelle à la rescousse un général égyptien à la retraite, sans doute l'un des responsables de la défaite de 67 si l'on en juge par son manque de pertinence. Il commence par affirmer sans l'ombre d'un doute qu'il s'agit d'un avion et en conclut que le Hezbollah est capable de vaincre Israël sur tous les fronts, ce qui prouve à ses yeux que Tsahal n'est qu'un mythe et que les Arabes peuvent libérer la Palestine quand ils veulent. Enhardi, le présentateur en montrant les habitants de Haïfa, dont une grande partie est Arabe, mais ils ne comptent pas, courant aux abris après une alerte. Le commentaire a été le suivant : «Voilà l'état de panique généralisée des Israéliens», son général de pacotille se lance dans une fantasmagorie sur le rôle de l'homme et de sa foi dans la guerre, en comparant bien sûr les gosses et leur signe de victoire et les vieilles dames courant aux abris. Une demi-heure plus tard, il n'y avait plus d'avion abattu, plus de victoire, seulement les cohortes de Sud-libanais entamant une énième remontée vers le Nord. Cela fait soixante ans que cela dure, les mêmes qui attendent la victoire du Hezbollah ont cru aux communiqués d'un Sahhaf en Irak ou au rendez-vous de Nasser, le 4 juin 67, à Tel Aviv. La réalité, c'est que l'arrogante machine à tuer israélienne est en train de détruire la Palestine et le Liban et de broyer les deux peuples. Cette fois, elle le fait sous le regard indifférent du monde entier, qui depuis le 11 septembre et surtout l'arrivée du Hamas au pouvoir donne un chèque en blanc à Israël. Nasrallah, le dirigeant de la résistance, savait tout cela. S'il a provoqué Israël, c'est pour des raisons strictement internes. Depuis l'assassinat de Hariri et le départ des Syriens, il subissait une pression énorme de la part de la majorité des Libanais pour abandonner ses armes. Maintenant, celui qui renouvellera cette exigence devra affronter la colère du peuple meurtri par la barbarie d'Israël. C'est cette victoire-là que Hassan Nasrallah cherchait, son coût c'est le Liban entier qui devra l'assumer. Ni les Etats ni les opinions publiques ne montrent un émoi excessif et ce, y compris dans la sphère musulmane. Le Proche-Orient finit par lasser. Pour reprendre la formule d'un humoriste, c'est un film d'horreur avec un casting d'enfer, c'est-à-dire les 3 prophètes. En Irak, chiites et sunnites affichent une comptabilité macabre qui n'a même plus droit à un entrefilet, Israël détruit les infrastructures de deux pays pour libérer 3 soldats, le Conseil de sécurité applaudit, les USA confirment le droit de l'Etat hébreu à assumer sa défense et cela n'a pas contrarié les vacances des gens que cela soit à Stockholm, Le Caire ou Casablanca. Entre les millions de personnes sur le macadam pour dénoncer l'assassinat de Jamal Doura et le désintérêt d'aujourd'hui, il ne s'est passé que 4 ans. Durant ce laps de temps, la cause palestinienne a perdu ses appuis traditionnels et Israël a ajouté à sa suprématie militaire la bienveillance des grands de ce monde et pire de l'opinion internationale qui zappe la région. Belle victoire des fous de tous genres qui la peuplent.