En France, Tarik Ramadan est devenu fatalement une figure médiatique incontournable. Maniant avec une redoutable malice l'art de la polémique, « l'intellectuel » ne rate pas une occasion pour enflammer les érudits et les rédactions de l'Hexagone. Sa dernière sortie médiatique avec un texte controversé le mois d'octobre sur le site de oumma.com, une de ses vitrines médiatiques favorites, n'a pas manqué, encore une fois, de susciter une avalanche de réactions hostiles. Dans ce texte, Ramadan accuse certains intellectuels « juifs français », ou « nationalistes », « de développer des analyses de plus en plus orientées par un souci communautaire qui tend à relativiser la défense des principes universels d'égalité ou de justice ». Il leur reproche ainsi une indignation sélective. Joli coup de maître. La même semaine, une avalanche de réactions enflammées de nombreux intellectuels français s'est abattue sur lui : des textes de Glucksmann, BHL, Finkielkraut, Adler, ou encore Taguieff ont successivement orné les colonnes des journaux français, accusant Ramadan s'antisémitisme. Et c'est bien ce que cherche Ramadan. Son texte s'inscrit en fait dans la droite lignée de son arsenal démagogique. Ses prises de positions ont fait de lui un personnage médiatique incontournable. Sa notoriété est telle qui fut l'invité de marque du dernier Forum social européen. Pourquoi ? Parce qu'il " est un de ceux qui sont les plus écoutés et les plus audibles dans les banlieues», avait affirmé l'écologiste Noël Mamère. Voilà une des composantes secrète de la recette Ramadan. Être populaire est un gage de légitimité. Sans oublier le casting, qui est particulièrement réussi : verbe haut et clair, discours glabre. C'est présentable. Et ça marche. Ramadan passe bien dans les médias. Son credo : justifier l'exception au nom de l'égalité républicaine. Son fonds de commerce théorique repose sur la constante comparaison du statut de la communauté musulmane française avec celle des Juifs de France. « Une des tactiques favorites des activistes de l'islamisme qui utilisent les symboles de la communauté juive en France comme un paravent, un «cheval de Troie», pour revendiquer des privilèges qu'elle est supposée posséder », comme le fait signaler l'intellectuel français Shmuel Trigano. Habile rhétoricien, le « philosophe » sait parfaitement manipuler les notions occidentales. Dans ses écrits, il ne s'adresse jamais à des «citoyens » mais à des « Musulmans ». De même lorsqu'il déclare durant le FSE « qu'il n'y aura pas d'avenir pour l'alter-mondialisme sans un dialogue fécond et ouvert avec le monde de l'Islam. » Un monde au singulier, faut-il encore le signaler. Il n'y a pas longtemps, un article intitulé « Pas de loi contre le foulard », paru dans Libération du 7 mai, Ramadan exprimait une approche inédite en matière d'accès à la citoyenneté française. C'est le fameux concept de la «citoyenneté musulmane européenne ». « Pas de citoyenneté à géométrie variable » allait répliquer l'intellectuel français Shmuel Trigano. Dans une tribune parue dans Libé, Trigano explique à Ramadan que le fait social que constitue l'immigration est simple : des nouveaux venus demandent à entrer dans une communauté nationale. Ce ne peut-être ni l'objet d'un droit, ni d'une exigence et encore moins d'une mise en demeure. Si cette communauté nationale leur ouvre la porte, c'est en fonction d'un processus à travers lequel elle leur fait place, tandis qu'ils font l'effort de s'ajuster aux conditions de leur nouvelle patrie, en l'occurrence la loi républicaine et l'identité nationale française. Avant de conclure que « ce n'est pas aux hôtes de s'ajuster aux conditions de leurs invités. Il y a en effet des lois de l'hospitalité qui valent pour les deux parties d'une telle relation. » À méditer, Ramadan.