La situation devient explosive au Proche-Orient. L'Etat hébreu a déclaré la guerre au Liban après l'enlèvement de deux de ses soldats par le Hezbollah. Le Proche-Orient connaît un nouvel embrasement et une dangereuse escalade. Après l'enlèvement de deux de ses soldats par le Hezbollah, l'Etat Hébreu a réagi par une riposte démesurée en déclarant la guerre au Liban. Le gouvernement marocain a affirmé jeudi que le recours disproportionné à la force «ne peut être justifié sous aucun prétexte et constitue une escalade dangereuse qui amplifiera la souffrance et les douleurs des citoyens eu égard à ses répercussions négatives sur la situation humanitaire et sur le vécu quotidien dans la région, particulièrement au Liban ». En ces moments délicats, le gouvernement du Royaume du Maroc lance un appel pressant à la communauté internationale pour le retour au calme et l'arrêt immédiat des opérations militaires qui représentent un danger de discorde et de confrontation militaire et poussent la région vers une nouvelle spirale de violence et d'instabilité. La Commission européenne s'est pour sa part déclarée «choquée par l'envergure de la violence des deux côtés». La France et la Russie ont dénoncé l'offensive israélienne, Paris jugeant qu'il s'agissait d'une «action de guerre disproportionnée». Au lendemain de la capture de deux soldats de Tsahal et de la mort de huit autres lors d'un raid du Hezbollah à la frontière entre Israël et le Liban, le gouvernement israélien a une nouvelle fois fait preuve d'une arrogance aveugle et d'une barbarie impardonnable. Sans perdre de temps, l'Etat hébreu a déclaré la guerre au Liban en imposant un blocus maritime, aérien et terrestre sur le pays et en multipliant les bombardements. "La guerre", "Déclaration de guerre", titraient les deux plus grands journaux israélien, Yedioth Aharonot et Maariv. Le cabinet du Premier ministre Ehud Olmert tient le gouvernement libanais responsable des attaques et du retour sains et saufs des soldats enlevés. Jeudi matin, l'aéroport de Beyrouth a été la cible de plusieurs raids aériens. Dans l'après-midi, les avions de chasse israéliens ont largué deux bombes sur la piste de la base aérienne Rayak, dans la vallée de la Bekaa, à 50 km à l'est de Beyrouth et à environ 7 km à l'ouest de la frontière syrienne. Les bombardements israéliens ont tué au moins 35 civils et en ont blessé 52 autres. Deux familles de dix et sept personnes ont été tuées dans le village de Dweir. Et dans la banlieue sud de Beyrouth, le fief du Hezbollah, le mouvement chiite a indiqué qu'un missile avait touché un immeuble abritant des locaux d'Al-Manar, sa chaîne de télévision, blessant trois de ses employés. Il s'agit là de l'opération militaire israélienne la plus importante contre le Liban depuis les "Raisins de la colère", opération qui visait déjà le Hezbollah et avait fait 175 morts, essentiellement des civils, au printemps 1996. En franchissant ce pas, l'Etat hébreu replonge à nouveau ses soldats dans le bourbier libanais. Rappelons qu'Israël avait retiré son armée du Sud Liban en 2000 après 22 ans d'occupation. Suite à la nouvelle agression israélienne, le Hezbollah a aussitôt riposté par des dizaines de tirs de roquettes sur le nord d'Israël faisant au moins un tué et 25 blessés. La milice chiite libanaise a menacé de bombarder la ville israélienne de Haïfa et ses environs si Beyrouth ou sa banlieue sud étaient pris pour cible alors que le chef d'état-major israélien, le général Dan Haloutz, a affirmé que "rien n'était à l'abri" au Liban. Le chef du Hezbollah, Cheikh Hassan Nasrallah, a expliqué que les soldats avaient été capturés pour forcer Israël à relâcher des prisonniers qu'il détient. Mais Israël a rejeté la perspective d'un tel échange. En réagissant de la sorte, la milice chiite se comporte de nouveau comme un Etat dans l'Etat. En kidnappant les deux soldats israéliens, il met le Proche-Orient dans une situation très grave. Aujourd'hui, cette région connaît plusieurs crises : le conflit israélo-palestinien, le Liban, l'Irak et le nucléaire iranien. Un nouveau conflit ne fera que plonger le Proche-Orient dans un gouffre profond. Le gouvernement libanais, qui a réclamé un «cessez-le-feu immédiat» et une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, est impuissant face à un Hezbollah, soutenu par Damas et Téhéran. Le cabinet libanais, issu des élections libres de mai 2005, s'est dissocié des actions du Hezbollah. Une position qui a fait l'objet de réserves de la part des ministres du Hezbollah, minoritaires devant la majorité anti-syrienne, accentuant les dissensions au sommet du pouvoir. En effet, le président libanais pro-syrien Emile Lahoud a renouvelé son appui au parti chiite, seule faction libanaise demeurée armée après les accords de paix mettant fin à la guerre civile.