Lors de l'assemblée générale ordinaire de la Chambre maritime d'Agadir, le 8 juin, Lahcen Bijdiguen, à la tête de cette instance, a dressé un diagnostic sévère. «La pêche est un secteur sinistré». Le constat est émis par les professionnels de la pêche, le 8 juin dernier, à l'occasion de la tenue de l'Assemblée générale ordinaire de la Chambre maritime d'Agadir. A la tête de cette instance depuis neuf ans, Lahcen Bijdiguen, ne cache pas sa déception. «La majorité des professionnels réunis ont mis l'accent sur le sentiment d'abandon de la part de l'administration de tutelle qui ne semble pas saisir l'ampleur de la catastrophe qui menace cette activité ». Les opérateurs affiliés semblent ne pas avoir particulièrement digéré l'accord de pêche signé avec l'Union européenne. «D'une voix unanime, les professionnels s'élèvent contre la politique de dilapidation de nos ressources halieutiques au profit de pays tiers dans le cadre d'accord de pêche ou d'affrètement», peut-on lire dans le communiqué. Parmi les griefs soulevés par les pêcheurs, le gasoil, dont le prix a triplé en l'espace de deux ans, figure en bonne place. «Les opérateurs du secteur appellent les autorités à prendre en considération l'ampleur de la catastrophe ». Derrière ce communiqué, beaucoup d'acteurs et d'observateurs du secteur y ont vu l'approche de certaines échéances. Il s'agit dans l'ordre de la sortie très attendue du plan pélagique et surtout, remarquent les détracteurs de M. Bijdiguen, de l'approche du renouvellement du tiers à la Chambre des conseillers. «Ni l'un ni l'autre », réplique celui qui depuis la promulgation du dahir sur les Chambres maritimes (il y a 9 ans) est à la tête de l'instance de l'Atlantique Centre. Des trois représentants du secteur à la tête de la Chambre des conseillers, Bijdiguen a été le seul à ne pas avoir été tiré au sort. Dans le secteur, l'homme reste populaire auprès des opérateurs de la pêche côtière, un peu moins dans les autres segments. Dans le bras de fer actuel autour de l'opportunité d'accorder le droit d'affrètement aux industriels, le conseiller est catégorique : «l'accès à la ressource est aux professionnels de la pêche ». Et d'aller jusqu'au bout de sa pensée : «quand on investit dans l'outil de production, on a droit d'accéder à la ressource». A l'adresse de Hassan Sentissi, président de la Fédération nationale des industries de la pêche (voir ALM N° 1176 du lundi 12 juin 2006 http://www.aujourdhui.ma/thematiques-economiques-details46953.html ), le militant du RNI, réfute la thèse selon laquelle la flotte est vieillissante : «depuis 1997, pas moins de 800 bateaux ont été reconstruits ». Aujourd'hui, la flotte côtière compterait 1 800 bateaux. Donc, soutient M. Bijdiguen, «pour le stock C, il y a de la place uniquement pour les pêcheurs, pas pour ceux qui viennent exploiter la ressource un temps déterminé puis s'en vont ». Concernant le plan pélagique, M. Bijdiguen estime que l'attente a trop duré : «nous avons besoin de ce plan pour savoir qui fait quoi». Quant au gasoil, gros problème du secteur, il s'agit, préconise celui qui pense «qu'on ne va rien tirer de l'accord de pêche avec l'Union européenne», «d'un dossier qui doit être traité au niveau de la Primature». Solution toute trouvée par le président de la Chambre maritime d'Agadir : «inciter les compagnies pétrolières à réduire leurs marges bénéficiaires». Attaqué sur l'état de la flotte côtière, il riposte : «plus de 90% de la flotte peuvent fournir du poisson à qualité exceptionnelle». Avant de déplorer plus loin, la confusion faite autour des termes «programme de modernisation» et «mise à niveau». La préférence du conseiller va sans conteste en faveur de la deuxième expression, synonyme de la rénovation des infrastructures, de la chaîne de froid à bord des bateaux. Et de jeter une dernière pique sur le secteur de la farine et des sous-produits, à ses yeux moins importants que la sardine et les conserves. «la farine n'est pas une industrie !», lâche celui qui confesse employer 120 personnes dans ses quatre bateaux mais n'avoir jamais touché le moindre centime en quatre ans. Argument électoral efficace ? Réponse en septembre.