L'insertion des jeunes dans le marché du travail en France varie sensiblement en fonction de l'origine sociale mais la formation et le diplôme jouent un rôle protecteur majeur pour corriger ces inégalités, selon l'édition 2006 des "Données sociales" de l'Insee, publiée jeudi. En revanche, les origines nationales entraînent un clivage plus important. Les jeunes issus de l'immigration extra-européenne, notamment maghrébine, "apparaissent doublement désavantagés" et ont "un risque bien plus élevé de rester à l'écart de l'emploi" que les jeunes d'origine européenne, y compris ceux d'Europe du Sud (Espagne, Portugal et Italie). Certains événements du passé familial influent sur les difficultés d'insertion des jeunes : le risque est accru de 30% lorsqu'un des parents a connu le chômage de longue durée. "Le risque de chômage et de difficultés d'accès à l'emploi est très fortement renforcé par l'absence de diplôme ou un faible diplôme, et par certains événements précarisants comme le chômage de longue durée des parents", a résumé l'un des auteurs de l'étude, Alberto Lopez, du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Cereq). Ces "événements précarisants", qui peuvent aussi être des difficultés financières, de graves problèmes de santé ou des séparations, ont tendance à se cumuler : ce sont surtout les enfants d'ouvriers ou d'employés qui y sont exposés. Quand un jeune a cumulé au moins trois facteurs de précarité dans son enfance, le risque de rester à l'écart pendant les cinq premières années de sa vie active est deux fois plus élevé. Globalement, deux tiers des jeunes (65%) interrogés en 2003, cinq ans après leur sortie du système éducatif, avaient un emploi stable (contrats à durée indéterminée). Ils étaient 20% à être insérés avec un statut précaire, enchaînant contrats à durée déterminée ou missions d'intérim. Pour 9% des jeunes, il y avait "participation à l'emploi sans stabilisation" : ils n'avaient pas eu un emploi plus de 18 mois consécutifs mais avaient travaillé au total plus de 11 mois au cours des cinq années suivant la fin de leurs études. Enfin, 6% avaient une "participation à l'emploi faible ou inexistante". La moitié d'entre eux n'avait même eu aucun emploi en cinq ans. Environ 60% avaient essentiellement connu le chômage ou des périodes alternant chômage et formation sans emploi.