* Pour favoriser l'insertion professionnelle des femmes, il est impératif de lutter contre les discriminations dans l'accès à l'emploi. * Les raisons sont connues, mais il faut chercher les solutions. Le taux de chômage a assurément évolué pour la première fois depuis le Recensement général de la population et de l'habitat de 1971, sous la barre des 10%, passant de 11,3% à 9,8%. Avec l'enquête sur le marché du travail au premier trimestre 2006, le Haut Commissariat au Plan inaugure une série d'enquêtes basées sur le nouvel échantillon-maître issu du Recensement général de la population et de l'habitat de 2004. Cet échantillon se caractérise par une couverture géographique plus large et une représentativité actualisée des différentes couches sociales. Inutile de rappeler qu'en matière d'emplois, le taux de chômage a été toujours supérieur à 10% et que les pouvoirs publics ont mis les bouchées doubles afin de réduire ce taux. L'emploi a été favorisé cette année par les grands chantiers lancés par le Souverain aussi bien en matière d'INDH qu'en matière d'infrastructures routières, portuaires... Sur cette base, la population active âgée de 15 ans et plus a, au terme du premier trimestre de l'année 2006, atteint 11.128.000 personnes, soit une baisse de 0,9% par rapport à la même période de l'année précédente. Cette baisse de l'offre de travail a particulièrement concerné les femmes (-6,9% au niveau national contre +1,3% pour les hommes) et a été enregistrée exclusivement en milieu rural (-2,3% contre +0,4% en milieu urbain). Toutefois et en dépit de cette baisse du taux de chômage, un bémol persiste. Il s'agit des difficultés éprouvées par les femmes diplômées à intégrer le monde du travail. C'est dans cet esprit que s'inscrit l'étude effectuée par le HCP sur l'insertion des femmes diplômées. Au cours de la période 1982-1994, le marché du travail a connu une féminisation croissante. En termes de chiffres, la part de l'emploi féminin dans l'emploi total a atteint 26% en 2001 contre seulement 19,7% en 1982. Les données de l'enquête nationale sur la population et l'emploi font ressortir un taux d'emploi de 45,1%. Mais il faut dire que ce taux ne met pas en exergue les différences existant entre le sexe, le milieu de résidence, l'âge ou encore le niveau de formation. Et pour plus de détails, en milieu urbain le taux d'emploi est évalué à 37% contre 56,3% en milieu rural. Selon le sexe, ces taux sont respectivement de 15,1% et 32,9% pour les femmes et 60,2% et 79,5% pour les hommes. L'enquête effectuée par le HCP relève que l'écart hommes/ femmes est de 45,1 points de pourcentage en milieu urbain et de 46,6 points de pourcentage en milieu rural. L'enquête relève aussi un accès inégal de la femme à l'activité économique. Le taux d'emploi des femmes ne représente que 25% du taux d'emploi des hommes. Ce pourcentage qui représente une moyenne cache des disparités selon le groupe d'âge, le niveau d'instruction, la qualité du diplôme... « Pour les personnes non qualifiées ou ne disposant d'aucun diplôme, le taux d'emploi des femmes ne représente que 17% du taux d'emploi des hommes, tandis que ce pourcentage atteint 62% chez les personnes hautement qualifiées», apprend-on au niveau du HCP. Selon le diplôme obtenu, le taux de chômage s'élève à 11,7% chez les sans diplôme de sexe masculin et à 12,5% pour le sexe féminin. Ce taux s'élève à 21,8% chez les hommes ayant un diplôme de niveau supérieur et à 35% chez les femmes ayant le même diplôme. Pour ce qui est du niveau d'instruction, on observe pratiquement la même tendance. Chez les femmes sans niveau d'instruction, le taux de chômage est estimé à 7,9% contre 5,3% pour les hommes. Ces pourcentages passent à 38,9% pour les femmes ayant le niveau supérieur et 23,3% chez les hommes. Cela montre que les femmes diplômées au Maroc ont moins de chance que les hommes en matière d'emploi. Des progrès considérables ont été accomplis depuis un demi-siècle sur le chemin de l'égalité. Mais force est de reconnaître que les femmes rencontrent encore dans notre pays un certain nombre de difficultés et de discriminations. L'égalité des chances devra être au cur du développement. Chacun doit, notamment, pouvoir bénéficier des mêmes possibilités et des mêmes opportunités de formation, d'emploi et de carrière professionnelle. Quelques exemples - Les femmes occupent la très grande majorité des emplois peu qualifiés, précaires et mal rémunérés du secteur tertiaire, et leur taux de chômage est supérieur à celui des hommes. - Cette sur-précarité résulte notamment de l'enclavement de l'emploi féminin. - En 2001, la part de l'emploi féminin dans l'emploi actif a atteint 26% mais sa présence demeure réduite dans les postes à responsabilité. L'enjeu de l'égalité des chances se pose donc avec une acuité particulière pour les femmes. Face aux difficultés et aux inégalités persistantes auxquelles elles font face, les pouvoirs publics sont appelés à agir sur l'ensemble des facteurs de blocage et de discrimination, que ce soit au niveau des études, de l'accès à l'emploi ou dans l'emploi. A l'origine de cette situation d'enclavement, il y a d'abord la formation initiale des jeunes filles, qui reste concentrée sur certaines filières. Il s'avère important de lutter contre les schémas sociaux traditionnels et élargir les choix d'orientation des jeunes filles. Par ailleurs, il s'avère important d'augmenter la proportion de jeunes filles dans les séries scientifiques générales et technologiques. Une chose est cependant sûre : on ne peut réussir la mixité de l'école sans assurer l'égalité.