Le PJD revient à la charge concernant ce qu'il appelle les "irrégularités" de Tanger-Med près de deux mois après les éclaircissements de la justice. Les députés islamistes demandent en effet la mise en place d'une commission d'information. Les députés islamistes semblent avoir fait une fixation sur le projet Tanger-Med, grand chantier qui changera la donne dans toute la région. Le PJD s'est de nouveau saisi de ce dossier, près de deux mois après d'amples éclaircissements de la justice, pour demander la mise en place d'une commission parlementaire d'information pour suivre ce que le parti de Saâd Eddine El Othmani appelle les "développements" de ce projet. Cette demande a été formulée au niveau de la commission de l'Intérieur, de la décentralisation et des infrastructures de la Chambre des députés comme le permet l'article 35 du règlement interne de cette chambre. Le président de ladite commission, le MP Mohamed Moubdiî, a confirmé que le bureau de cette dernière a été saisi d'une demande dans ce sens émanant du groupe PJD. A l'en croire, cette commission examinera cette requête lors d'une réunion, la semaine prochaine. Dans un communiqué publié sur son site, le parti islamiste parle toujours d'"irrégularités" ayant entaché le lancement de ce projet et évoqué les multiples fois où ses députés ont évoqué le "problème" avant d'effectuer une visite de terrain pour rencontrer autorités et "populations affectées". Cette nouvelle sortie du PJD, après toute une polémique nourrie par la députée Fatima Belahcen, intervient près deux mois après que la justice soit intervenue pour clarifier cette histoire. Début mars 2006, le parquet près la Cour d'appel de Tanger a publié un long communiqué répondant, point par point, aux griefs de ladite députée relayés par la presse. Le parquet y affirmait notamment que la procédure d'expropriation des terres s'était effectuée dans le cadre de la loi et qu'il n'avait jamais été question de menaces, ni de données erronées contenues dans les procès-verbaux. Le parquet de Tanger affirmait également que le tout a été préparé par un bureau d'études sous la supervision de la direction des ports et du domaine public maritime. Cela dit, le même parquet a indiqué que toute personne s'estimant lésée pouvait recourir au tribunal administratif pour défendre ses droits. Ces explications ne semblent pas avoir convaincu les députés islamistes qui remettent la chose au début de la session du printemps. Mépris pour la justice ? Cela saute aux yeux. Sortie "intéressée" ? Des observateurs de la vie parlementaire n'écartent pas cette hypothèse. Pour un parlementaire, le PJD "fait feu de tout bois" quitte à se fabriquer "des causes sociales" à défendre. Les échéances de 2007 ne sont pas certainement étrangères à cette attitude, note un député, sans oublier l'intérêt que porte le parti islamiste pour cette région tout en notant que les "frères" de Saâd Eddine El Othmani pourraient "mieux faire" sur d'autres dossiers. Toutefois, rien n'est tranché. La demande du groupe PJD doit d'abord avoir l'aval du bureau de la commission de l'Intérieur, de la décentralisation et des infrastructures, mais aussi l'accord du bureau de la première Chambre. La collecte d'un nombre donné de signatures n'est pas obligatoire dans ce cas de figure, contrairement à la procédure de mise en place d'une commission d'enquête parlementaire. Cependant, la demande "passe mieux", précise une source parlementaire, quand elle est accompagnée d'un certain nombre de noms de députés favorables.