Le gouvernement espagnol, réuni mardi en session extraordinaire, a lancé la procédure de dissolution du conseil municipal de la célèbre station balnéaire de Marbella (Andalousie-sud), après une retentissante affaire de corruption, qui a conduit une bonne partie des responsables locaux devant la justice. La première vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, a déclaré à l'issue de la réunion, que l'exécutif a demandé un avis ''urgent'' au conseil de l'Etat sur la possibilité d'organiser ou non des élections partiales anticipées à Marbella. En cas d'une réponse négative du conseil d'Etat, une instance pourrait être mise en place pour gérer les affaires de la ville jusqu'aux élections municipales de 2007. Le gouvernement régional d'Andalousie (La Junta) avait approuvé une demande de dissolution de l'exécutif local de Marbella adressée au gouvernement central à Madrid. C'est la première fois dans l'histoire contemporaine de l'Espagne qu'un conseil municipal est dissout, selon De la Vega, qui souligne la célérité avec laquelle le gouvernement a traité cette affaire ayant causé un grave préjudice à la gestion territoriale qui caractérise le système de gouvernement en Espagne. L'exécutif local de Marbella a été décapité après que le juge ait ordonné la détention provisoire de la maire de la ville, Marisol Yague, de sa première adjointe et d'autres membres de l'exécutif local. Quelque 23 personnes avaient été arrêtées dans le cadre de cette affaire pour malversations, détournement de deniers publics et trafic d'influence en rapport avec des projets d'urbanisme à Marbella. Les forces de sécurité avaient saisi en rapport avec cette affaire dans plusieurs villes espagnoles, des oeuvres d'art, des armes, des purs sang et même un hélicoptère d'une valeur totale de plus de 2,4 milliards d'euros. De l'argent liquide évalué à plus de 3,5 millions d'euros a été également saisi dans les domiciles des prévenus. La justice a également bloqué des centaines de comptes bancaires, qui auraient été utilisés dans cette affaire de corruption. Aussitôt après l'éclatement de cette affaire, des voix se sont élevées pour demander la ''dissolution'' du conseil municipal et la convocation d'élections anticipées, exprimant des craintes pour l'image touristique de Marbella. Le ''cerveau'' de cette affaire de corruption serait le conseiller de l'urbanisme, qui gérait plus de 120 sociétés écrans réparties sur tout le territoire espagnol à travers un cabinet d'avocats madrilène, dont quatre membres ont été mis en détention provisoire lundi par le juge qui instruit l'affaire. Avec ces ordres de détention, 11 personnes sur les 23 prévenus se trouvent en prison. La justice a également convoqué le chef de la police local pour prendre ses déclarations sur une éventuelle implication de ce corps de sécurité dans l'affaire après des insinuations de l'accusé principal. Selon le rapport 2005 de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), l'Espagne figure au 23 rang de l'indice de perception de corruption parmi les 159 pays analysés. L'OCDE avait appelé Madrid à durcir les sanctions contre les entreprises espagnoles qui paient des pots-de-vin pour obtenir des contrats d'urbanisme.