Le gouvernement espagnol a décidé de dissoudre le Conseil municipal de la station balnéaire Marbella suite à un gigantesque scandale de corruption immobilière. Considérée comme le paradis des célébrités et de la pègre internationale, Marbella est désormais une ville sans pouvoir municipal. Après un vaste coup de filet au paradis balnéaire de la jet-set, le gouvernement espagnol a décidé, mardi, lors d'une réunion extraordinaire du Conseil des ministres, de dissoudre le Conseil municipal de cette station balnéaire huppée de la côte andalouse. Une mesure que la vice-présidente, Maria Teresa Fernandez de la Vega a qualifié d'une première dans l'histoire de l'Espagne moderne. Et pour une première, c'en est une ! Jamais une décision de ce genre n'a été prise depuis que le pays a retrouvé le chemin de la démocratie. Cette mesure devra être approuvée par le Sénat, puis être votée vendredi au Parlement. Il est prévu qu'une structure intérimaire prenne en charge le fonctionnement de la mairie jusqu'aux élections municipales en mai 2007. Par cette procédure exceptionnelle, le gouvernement dit avoir voulu «répondre à l'inquiétude de la société» face à la situation à Marbella, ancien petit port de pêche de la Costa del Sol (sud) devenu paradis de la jet-set et des mafias internationales, théâtre depuis 20 ans de scandales de corruption à répétition. La décision de dissolution du Conseil municipal intervient au lendemain de l'incarcération du maire, Mme Marisol Yagüe, de sa première adjointe ainsi que de douze autres personnes dont le chargé de l'urbanisme et quatre avocats. Mme Yagüe, qui appartient à un petit parti populiste de droite local, est soupçonnée de corruption et de prévarication. Le jeune juge Miguel Angel Torres, qui a lancé une offensive judiciaire sans précédent contre Marbella, estime qu'elle n'a été qu'une «marionnette» aux mains de Juan Antonio Roca, assesseur municipal pour l'urbanisme, «qui dirige et contrôle totalement les décisions municipales». Cet homme, possédant une fortune «démesurée», selon le juge, était déjà l'adjoint à l'urbanisme de l'ancien maire de Marbella, le président du club de football Atletico de Madrid, Jésus Gil y Gil, écroué en 2002 pour détournement de fonds publics. L'opération policière, baptisée «Malaya», a déjà permis en moins d'une semaine de saisir pour 2,4 milliards d'euros de biens d'origine douteuse et de bloquer un millier de comptes bancaires. Le butin de Roca, des pots-de-vin versés par des entrepreneurs immobiliers en échange de terrains constructibles, comporte notamment 275 œuvres d'art, des bijoux et plus de 100 chevaux de race. Douze autres personnes considérées comme impliquées ont été mises en liberté avec ou sans caution. Actuellement, aucun suspect n'est inculpé. En Espagne, les accusations n'interviennent qu'en toute fin d'enquête, en même temps que le renvoi devant le tribunal. Marbella : une affaire en cache une autre L'an dernier, Marbella avait été le théâtre d'une vaste opération policière, dénommée «Baleine blanche». Un coup de poing dirigé par le fameux magistrat Miguel Angel Torres. L'opération avait permis de démanteler un réseau international de blanchiment d'argent portant sur au moins 250 millions d'euros. Après cette affaire, le gouvernement espagnol a décidé de créer une unité de lutte contre le crime organisé. Une unité spécialement dédiée à la région andalouse. Près de 600 personnes ont été arrêtées.