Ces casseurs, même dissimulés sous leurs capuchons, portaient en eux, fièrement arborées, les stigmates des cités : accoutrement, violence, attaques lâches et en meute, prédation… Le 15 octobre 1998, lors d'une manifestation de lycéens, des casseurs d'un nouveau type vont apparaître, pour l'une des toutes premières fois, de manière violemment médiatique. Alors que la manif n'avait pas encore démarré, une violence inouïe va se déchaîner, ce jour là. Sous les objectifs de caméras ahuries et stupéfaites, une brutalité féroce dégénérera l'initiative des lycéens. Ainsi va être inaugurée l'émergence de ceux que je qualifie de néo-casseurs. Ils sont jeunes et globalement blanc, black, beur. Ce qui faisait de ces casseurs des néo, au-delà de leur comportement terriblement insensible et féroce, c'est d'être issus des cités estropiées des banlieues parisiennes ou, pour d'autres villes, des quartiers recensés comme difficiles ou en difficulté. Ces casseurs, même dissimulés sous leurs capuchons, portaient en eux, fièrement arborées, les stigmates des cités : accoutrement, violence, attaques lâches et en meute, prédation…La France allait désormais remiser sa guerre des boutons pour mieux s'accommoder à la guerre du béton. Dire qu'on venait de vivre, trois mois auparavant, une névrose collective nimbée de fraternité grâce au Mondial de juillet 1998. Désormais, Zidane et Thuram seront les figures totémiques d'une société plurielle. Illusion, quand tu nous tiens ! Depuis, les casseurs n'ont cessé d'accompagner les différentes manifs, de jeunes tout spécialement. Ils en profitent, en guise de cheval de Troie, pour mieux s'adonner à la casse et aux affrontements avec les forces de l'ordre. Avant 2002, ces casseurs étaient les complices objectifs de Chirac et de Sarkozy puisque ceux-ci avaient promis d'en finir avec l'insécurité. Aujourd'hui, les casseurs sont devenus non seulement l'expression de l'échec des présidences chiraquiennes. Ils sont un véritable défi à la République et une injure à la démocratie. Les néo-casseurs n'ont ni foi ni loi. Ils sont plus prédateurs que le système libéral qui les génère. Ils sont autant pour la loi du plus fort que l'est la loi du marché. Politiquement, si j'ose dire, ils sont plus proches des libéraux que des libertaires Ils ne sont pas le produit d'un système de production dont la logique repose sur le travail. Ils sont plutôt les enfants d'un système de consommation débridée…. N'ayant pas les moyens, ils ont un credo : Je consomme donc j'existe. Peu importe les procédés! Ils ne respectent donc ni l'homme ni les droits et encore moins les droits de l'Homme. Au contraire, ils peuvent aller jusqu' à consumer les valeurs qui fondent la société démocratique. Le flouze, l'argent facile, le portable et le blouson du petit bougre pourri, gâté, voilà ce qui fait vibrer le néo-casseur. Il n'a ni conviction ni religion si ce n'est tout niquer sur son passage y compris la démocratie. Un néo-casseur, c'est un Fofana potentiel. De Villepin voulait de l'oxygène dans le code de travail. Depuis quelques semaines et par entêtement, c'est plutôt de la lacrymogène qu'il met dans la rue. Les casseurs aident le Premier ministre à pourrir la situation. Il faut prendre garde de ne pas trop les instrumentaliser.