Le parti centriste Kadima a remporté une victoire étriquée aux élections législatives israéliennes. Grand perdant de ces élections, le Likoud qui a essuyé la plus humiliante défaite de son histoire. Le parti centriste Kadima, fondé par Ariel Sharon, a remporté mardi une courte victoire aux élections législatives israéliennes. Selon des résultats quasi-définitifs annoncés mercredi par la commission électorale centrale après dépouillement de 99% des bulletins, Kadima remporte 28 sièges sur 120, les travaillistes 20, le parti orthodoxe sépharade Shass 13, le Likoud (droite) 11 et le parti russophone d'extrême droite Israël Beiteinou 12. Dans son discours de victoire devant ses partisans à Jérusalem, l'hérité d'Ariel Sharon, Ehud Olmert, est revenu sur le thème central de sa campagne : la séparation d'avec les Palestiniens, mais en laissant la porte ouverte à des négociations avec eux pour aboutir à la paix. Il a cependant averti que faute de partenaire, il s'emploierait à fixer unilatéralement les frontières orientales d'Israël en procédant à un démantèlement de colonies en Cisjordanie occupée et à une annexion de grands blocs d'implantation. «Je suis prêt à renoncer au rêve d'un Grand Israël. Nous sommes prêts à évacuer des Juifs qui vivent dans des implantations pour vous permettre de réaliser votre rêve d'avoir un Etat», a déclaré M.Olmert. «Mais vous devez renoncer à votre rêve de destruction», a-t-il ajouté faisant ainsi allusion au mouvement du Hamas qui refuse toujours de reconnaître l'Etat hébreu. Ehud Olmert a ainsi fait de ce scrutin une sorte de référendum sur son plan de retrait unilatéral de la plus grande partie de la Cisjordanie et de «regroupement» derrière le «mur de sécurité» des principaux blocs de colonies juives du territoire. Réagissant mardi soir aux premières projections des chaînes de télévision accordant la victoire en Israël à Kadima, le Hamas a déclaré qu'il résisterait à son projet de déterminer d'ici 2010 le tracé définitif des frontières de l'Etat hébreu. «Nous considérons ce plan comme très dangereux, car il représente une véritable liquidation de la cause palestinienne», a déclaré le porte-parole du Mouvement de la résistance islamique, Sami Abou Zouhri. À Khartoum où il participe au sommet de la Ligue arabe, Mahmoud Abbas a estimé que le résultat des législatives israéliennes ne ferait pas bouger les choses, à moins d'un changement d'orientation de la part d'Olmert. «Ce résultat ne changera rien tant qu'Olmert ne modifiera pas son ordre du jour et n'abandonnera pas la question des "accords unilatéraux"», a-t-il dit aux journalistes. Grand perdant de ces élections, le Likoud, parti de la droite nationaliste qui a dominé pendant des décennies la politique d'Israël. Le Likoud n'a récolté que 11 sièges seulement. Après cette défaite, la plus humiliante de son histoire, le parti dirigé actuellement par Benjamin Netanyahu fait face à un avenir incertain. «Il ne fait pas de doute que nous avons subi un coup dur. C'est le deuxième que nous encaissons en 100 jours après le départ de celui qui nous dirigeait ( Ariel Sharon ), si bien que nous avons dû nous rétablir alors qu'une campagne cruelle était menée contre nous», a déclaré le chef du Likoud, lors d'un discours devant ses partisans à Tel-Aviv. Pour Uzi Landau, une des figures emblématiques du Likoud qui ne siègera pas dans la prochaine Knesset, «le parti est détruit mais il faut le reconstruire en suivant l'exemple d'Amir Peretz (leader du parti travailliste) qui a su présenter un programme cohérent aux électeurs». Effectivement, la campagne à tonalité sociale du travailliste Amir Peretz a porté ses fruits, sa formation devenant un partenaire incontournable pour une future coalition dirigée par M.Olmert. «Nous allons constituer une société nouvelle et le parti travailliste sera l'axe central du prochain gouvernement», a déclaré M.Peretz devant des militants. «D'après l'arithmétique, Olmert peut forger en un mois une coalition rassemblant 80 élus. La question est de savoir que pourra-t-il faire avec semblable équipe», s'est interrogé le politologue Yossi Verter dans les colonnes du quotidien "Yedioth Ahronoth".