Face à la détermination du Premier ministre, Dominique de Villepin, à vouloir maintenir le Contrat première embauche (CPE), les syndicats sont montés d'un cran en appelant à une journée de grève générale. Contrat première embauche (CPE) ou contrat précarité exclusion ? Dialogue de sourds ou débat trop médiatisé? Le bras de fer entre Matignon et le Front syndical s'apparente de plus en plus à une guerre de tranchées. Chaque camp tient à sa position et refuse de céder. Le Premier ministre français Dominique de Villepin compte défendre son texte jusqu'au bout. Les syndicats, eux, comptent poursuivre la pression dans l'espoir de voir ce texte de loi retiré. Donc, pas de compromis ! Lundi dernier, le Front syndical a serré une vis. Les syndicats de salariés, étudiants et lycéens ont appelé à une journée nationale d'action avec manifestation, grèves et arrêts de travail mardi 28 mars pour obtenir le retrait du CPE. La pression syndicale survivra-t-elle après le 28 mars ? Matignon pense que non. Le face-à-face continue et chaque camp observe l'autre. Qui va céder le premier ? Après la nouvelle démonstration de force des anti-CPE samedi, Dominique de Villepin était dimanche toujours déterminé à ne pas reculer malgré l'ultimatum des syndicats. Forts d'une mobilisation de 530.000 (police) à 1,5 million de personnes (CGT) -soit au moins un tiers de plus que le 7 mars-, syndicats, organisations estudiantines et lycéennes, et opposition ont demandé au Premier ministre d'opter pour «la raison» et non «l'entêtement». Lundi soir, plusieurs incidents ont eu lieu, notamment en Seine- Saint-Denis, aux alentours d'un lycée à Drancy, lors d'une manifestation anti-CPE. Trois véhicules ont été incendiés, un abri-bus dégradé. Les policiers qui ont essuyé des jets de bouteilles ont riposté par des tirs de flash-ball. L'établissement a été fermé. D'après la police, des casseurs se sont joints aux manifestants et sont à l'origine de ces incidents. Affrontements également à Sevigny, en Seine-et-Marne, suite à des dégradations et des jets de pierres sur les forces de l'ordre. Plusieurs personnes ont été interpellées, principalement des mineurs. L'appel à la grève générale des syndicats intervient alors qu'un syndicaliste de Sud-PTT est dans le coma depuis la manifestation de samedi. Selon les premiers éléments de l'enquête, le syndicaliste, Cyril Ferez, 39 ans, était «parfaitement conscient et vif» au moment de son évacuation par les pompiers, mais «dans un état éthylique avancé». «La bavure de la Nation» titre le quotidien "Libération". «Le bras de fer autour du CPE prend progressivement l'allure d'un piège inextricable et dangereux. Le fait qu'un syndicaliste soit toujours dans le coma après les incidents de la fin de la manifestation parisienne de samedi donne une dimension tragique à une confrontation principalement imputable à l'intransigeance du Premier ministre,» estime Pierre Haski, un éditorialiste du journal socialiste. «La maison Europe en 2005, les banlieues en novembre. Et maintenant Villepin, le gouvernement, les flics... Qu'on ne s'y trompe pas. Ce qui a commencé comme un simulacre de mai 68 s'annonce mille fois plus révolutionnaire que la crispation de l'époque. À vrai dire, la crise actuelle en est l'exact renversement,» écrit, pour sa part, "France soir". Mais comment sortir de la crise ? "L'Eclair des Pyrénées" pense trouver la solution : «le Premier ministre doit retirer son texte sur le CPE mais convoquer tout aussitôt des états généraux de l'emploi, regroupant les représentants des travailleurs, ceux des étudiants, et pourquoi pas les partis politiques». «Des états généraux, poursuit "L'Eclair des Pyrénées", qui auront pour mission en trente jours, de proposer au pays les réformes susceptibles de changer la donne en matière d'emploi et notamment de l'emploi des jeunes. Voilà la seule solution», conclut le journal. Les points contestés du CPE - La durée de la période d'essai qui est de 24 mois. - La non-justification de la rupture du contrat. - Les nouvelles recrues risquent d'être payées au SMIG. En effet, comme dans tout contrat de travail, il est fixé par négociation entre le salarié et l'employeur. - Le Contrat première embauche est un contrat à durée indéterminée.