En réaction aux accusations colportées par Driss Basri sur la «corruption» supposée des fonctionnaires de l'ONU par le Maroc dans le dernier livre de Jean Pierre Tuquoi, Khalid Naciri, membre du bureau politique du PPS, estime que cela relève de «l'irresponsabilité». Entretien. ALM : Driss Basri, cité par Jean-Pierre Tuquoi dans son dernier livre, accuse le Royaume d'avoir « corrompu» des fonctionnaires de l'ONU sur le dossier du Sahara marocain. Qu'en pensez-vous ? Khalid Naciri : Peut-être que Driss Basri sait de quoi il parle. Et dans ce cas-là, il est impliqué jusqu'au cou. Ou alors il n'est pas impliqué, et dans ce cas-là, de quoi parle-t-il ? Dans tous les cas, s'il l'a effectivement dit, cela relève de l'irresponsabilité. En tout état de cause, on ne saurait jeter le discrédit sur une cause nationale sacrée par des propos aussi avilissants pour notre pays qui a une cause essentielle à défendre et qui ne saurait souffrir ce type de parasitage. Quels effets pourraient avoir de telles accusations sur les efforts du Royaume pour régler le conflit provoqué par l'Algérie autour de nos provinces sahariennes ? De telles accusations pourraient avoir des conséquences néfastes sur la défense du dossier à l'échelle internationale. Et l'on ne saurait accepter une telle dérive. Tous les efforts doivent être tendus vers un objectif central qui est la consécration définitive de nos droits historiques sur le Sahara. Les combats d'arrière-garde sont scandaleux. Face à la gravité des accusations de l'ex-ministre de l'Intérieur, quelle réaction pourrait adopter le Royaume ? Le Royaume peut demander des comptes à ce monsieur, et bien sûr nier ce type d'accusations qui, à ma connaissance, ne reposent sur aucun fondement. D'autant plus que l'ONU est censée être gérée par des fonctionnaires au-dessus de tout soupçon. L'attitude actuelle de Driss Basri à l'égard de son pays sied-elle à l'«homme d'Etat», comme il aime encore à se définir ? Ce n'est pas une attitude d'homme d'Etat. Driss Basri devrait mieux respecter le pays qu'il a quitté et les causes qu'il a lui-même défendues par le passé. Pourquoi, à votre avis, l'Etat marocain n'a pas engagé, jusqu'ici, de poursuites judiciaires contre l'ex-ministre de l'Intérieur ? Sincèrement, je ne sais pas. Mais j'imagine que l'on doit considérer que c'est des grenouillages qui ne méritent pas de réplique de la part de l'Etat. Driss Basri a certes une capacité de nuisance amplifiée par les médias qui lui servent de porte-voix, mais, à mon avis, il vaut mieux l'ignorer, il finira par se fatiguer. Qu'est-ce qui motiverait les agissements hostiles de Driss Basri à l'égard de son pays ? Je pense que c'est un homme psychologiquement blessé. Et puis il ne s'est toujours pas remis de la perte du pouvoir suite à son limogeage. C'est un phénomène que les psychologues connaissent bien.