L'ancien ministre de l'Intérieur, Driss Basri, vient encore de faire parler de lui. Cette fois, c'est pour accuser le Maroc d'avoir graissé la patte aux responsables étrangers et onusiens en relation avec le dossier du Sahara. Driss Basri s'est découvert un nouveau hobby. Il a servi de mentor et de balance au journaliste du quotidien français Le Monde, Jean-Pierre Tuquoi, pour les besoins d'un livre que ce dernier se prépare à publier sous le titre "Majesté, je dois beaucoup à votre père...". L'essentiel de ce "livre" peut tenir dans une seule phrase : le Maroc, pour tout effort diplomatique pour résoudre l'affaire du Sahara, a fait recours à la "politique des enveloppes" pour acheter, à la fois, les dirigeants du Polisario, les diplomates étrangers et surtout les responsables onusiens en charge du dossier. Pour les besoins de son livre, le journaliste du "Monde" compte sur plusieurs "sources" et notamment sur Driss Basri, ex-ministre de l'Intérieur converti à la haine de son propre pays. Ainsi, l'auteur de ce livre prétend, par exemple, que les responsables marocains ont essayé d'acheter Bernard Miyet (et non Millet) en le logeant, de passage à Rabat, dans deux suites du prestigieux Hilton et en lui offrant pas moins de 300 flacons de parfum. Cette stratégie n'ayant pas marché, prétend le livre de Tuquoi, les responsables marocains se tournent vers une collaboratrice de celui qui est présenté comme étant le deuxième homme à l'ONU et "conseiller diplomatique de Kofi Annan" (l'homme était en fait secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix). Cette collaboratrice de Bernard Miyet est présentée par Tuquoi comme "une sorte d'agent d'influence de Rabat aux Nations Unies". Basri, dans le même livre, dit que cette dernière avait la confiance de Kofi Annan et qu'elle "nous a aidés et je l'ai reçue à plusieurs fois chez moi". Ce n'est-là encore qu'un exemple de cette "politique des enveloppes" prêtée aux responsables marocains, y compris en haut lieu. Le "cas" de Bernard Miyet, pour le moment, reste parmi les plus instructifs de cette nouvelle manipulation du tandem Basri-Tuquoi. Dans une lettre adressée par Bernard Miyet au journaliste du "Monde" en date du 4 mars 2006, et dont ALM a obtenu copie, l'ex-diplomate, dont le nom devient Millet au lieu de Miyet par la magique rigueur professionnelle de Tuquoi, s'élève contre le fait d'avoir été sollicité pour évoquer des "aspects de fond" pour trouver son nom mêlé à un "brouillon où le parti-pris l'emporte sur la réalité des faits". "D'une rencontre longue et argumentée, je ne retrouve au bout du compte qu'une anecdote déformée, détournée de son sens et agrémentée d'insinuations malveillantes à l'égard de deux personnalités incontestables dont vous paraissez mettre en cause la respectabilité sans le moindre fondement", lit-on dans la lettre de l'ex-diplomate français qui qualifie cette attitude d'"inqualifiable" et le propos d'"inacceptable". Bernard Miyet met aussi en doute les accusations de corruption portées contre ses collaborateurs et notamment celle citée par Driss Basri. Bernard Miyet termine sa lettre à Tuquoi sur un autre regret. "Jamais je n'aurais imaginé qu'une longue discussion sur un sujet de fond avec un journaliste d'un quotidien comme "Le Monde" puisse se résumer à cette prose navrante infligée aux lecteurs". Cette "prose navrante", Driss Basri y a été pour beaucoup. ALM apprend de source proche des deux hommes que Basri a recommandé Tuquoi à Bernard Miyet pour une discussion de fond autour du dossier du Sahara. Basri aurait même assuré à l'homme, avec qui il continuait à garder contact, que le résultat du travail du journaliste serait "favorable à la monarchie marocaine". Le nouveau "livre" de Tuquoi est un autre chef-d'œuvre à propos du Maroc version "république bananière" où, évidemment, rien n'a changé, de Hassan II à Mohammed VI. Sauf que cette fois, la trace de Basri est plus que flagrante. L'ex-ministre de l'Intérieur avait déjà "sévi" le 22 février 2006 via un entretien accordé à un journaliste algérien travaillant pour le quotidien londonien "Al Quds Al Arabi". Pour descendre en flammes et l'entourage du Souverain et le travail de l'IER, ailleurs salué par une bonne partie des pays du monde. Mais surtout pour dire que la solution pour le conflit du Sahara passe par le référendum d'autodétermination. La sortie et le timing sont plus que significatifs pour celui qui a décidé de s'ériger en pourfendeur du Maroc entre un appel du pied et une offre de service. Le pouvoir use, l'oisiveté rend dingue. Même sous le ciel de Paris.