L'hebdomadaire français de Jean Daniel a soumis avant publication à l'attention des autorités marocaines un ensemble d'articles qui tirent à boulets rouges sur le Royaume et ses institutions. Une démarche non dénuée d'arrière-pensées. Réputé journal sérieux, Le Nouvel Observateur s'est livré à un jeu pour le moins trouble et inédit. Jugez-en. Les responsables du magazine français ont faxé, lundi 6 mars, un ensemble d'articles consacrés au Maroc au siège de Sochepress à Casablanca. L'expéditeur a ensuite demandé à son distributeur d'adresser le dossier au ministère de la Communication pour savoir si les articles en question après lecture ne seront pas censurés une fois publiés dans les prochaines éditions de la revue ! « Du jamais vu dans les annales de la presse du moins crédible», affirme un membre du cabinet du ministre de la Communication. Le procédé est en effet original, si l'on ose dire. Mais qu'est-ce qu'ils ont de si spécial les articles en question pour donner lieu à cette procédure de “censure préalable“ ? Justement l'opération du Nouvel Obs dégage des relents de chantage car les articles envoyés représentent une attaque frontale contre le Royaume et ses institutions. Des “papiers“ pas du tout équilibrés, monosourcés, suintant un esprit revanchard, qui décrivent le pays sous un jour qui ne correspond pas à la réalité. La volonté de nuire est manifeste. Les titres le montrent clairement : “ L'islam des taudis“, “ À qui appartient Marrakech ?“ et “Le monarque funambule“. Ce n'est ni du reportage, ni de l'enquête, ni de l'analyse. C'est quelque chose qui n'a rien à voir avec le professionnalisme habituel de l'hebdomadaire. Les articles sont de la même eau avec des raccourcis faciles, des jugements à l'emporte-pièce et des affirmations gratuites. Pas une ligne qui fait état des progrès accomplis par le Maroc dans nombre de domaines notamment celui des droits de l'Homme. Tout est noir. Rien n'est positif. Or, un des reporters du journal, Serge Raffy, était récemment en déplacement professionnel au Maroc dans le cadre d'un travail journalistique sérieux. Mais ses articles ne figurent pas dans la livraison haineuse soumise aimablement à l'appréciation préalable des autorités marocaines. En fait, la littérature du journal de Jean Daniel ressemble fortement à celle de la presse nihiliste locale que les auteurs du Nouvel Obs ont d'ailleurs abondamment citées pour valider leurs thèses anti-marocaines. À quoi rime tout cela ? Cette cabale médiatique est d'autant moins compréhensible qu'elle vient juste après le séjour à Tanger ( du 2 au 5 mars) du directeur du Nouvel Obs. Dans la ville du Détroit, Jean Daniel a participé en sa qualité de doyen écouté et respecté de la profession à un colloque sur la presse “Entre liberté et responsabilité“ animée par un aréopage de journalistes français et marocains. Une rencontre qui s'est déroulée sous la présidence du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Nabyl Benabdallah, et l'ambassadeur de France à Rabat Philippe Faure. Bizarrement, ce sont les dérives de certains journaux dénoncés à cette occasion qui ont été reproduites par les articles du magazine français. Et on ne peut pas dire que Jean Daniel est un homme allergique au Royaume où il est au contraire reçu royalement. Au cours de son voyage tangérois, il a pourtant rencontré un ensemble d'officiels dont le conseiller du Roi André Azoulay. Qu'est-ce qui lui est passé donc par la tête pour qu'il se retourne aussi brutalement contre ses hôtes ? Quel est donc le message subliminal que M. Daniel veut faire passer à travers ses articles injurieux ? Cette attitude serait-elle due à une réaction intempestive à cause d'une vanité contrariée ? Ou le directeur du Nouvel Obs serait-il, à son âge respectable, en train de s'aligner sur un genre de presse assez connu pour ses méthodes peu scrupuleuses ? Ce qui est sûr, c'est que le coup est tellement grossier qu'il frise le ridicule. Et, finalement, comme on dit chez nous, Dieu faîtes en sorte que notre fin soit aussi prometteuse que notre commencement !