Tenue dans un brouhaha total, avec des mesures de sécurité on ne peut plus renforcées comme toile de fond, la deuxième séance du procès de Mounir Erramach et Mohamed El Ouazzani n'a pas eu de suite. La séance a été levée et rendez-vous a été pris pour le 6 janvier prochain. Cette fois-ci, sera-t-elle la bonne ? Rue El Mouahidine, en plein quartier Hassan de Rabat, où est située la Cour spéciale de justice. à 09h30, une ambiance pour le moins fiévreuse régnait sur les lieux en ce mardi 23 décembre. Et pour cause, la séance programmée cette matinée n'est autre que celle de Mounir Erramach, le tristement célèbre baron de la drogue, tombé l'été dernier aux mains de la Justice et, avec lui, plusieurs hauts responsables. Il s'agit de la deuxième séance tenue dans le cadre de cette affaire, après le report de la première. Pour son bon déroulement, les mesures de sécurité ont été renforcées. Les routes traversant cette rue ont été bloquées. Des agents de sécurité sont parsemés dans tous le quartier pour maintenir l'ordre et parer à toute éventualité. Interdit à tout véhicule de passer par là. Une heure auparavant, la salle d'audience avait été littéralement occupée par la police. Une dizaine d'agents étaient présents. Tout le monde s'attendait à ce que les inculpés passent par la porte principale. Il n'en a rien été. Ils ont été introduits par la porte arrière, en passant par le sous-sol, vers la salle. A l'entrée, les photographes ont été interdits de passage, les journalistes scrupuleusement fouillés. Tout dictaphone ou appareil «suspect» était confisqué. Les avocats eux-même ont failli y passer, n'était l'intervention du procureur général, qui a demandé à ce que ces derniers ne soient pas fouillés à leur tour. A l'intérieur de la salle d'audience, le suspense dure un bon moment avant que les inculpés, et ils étaient nombreux, ne commencent à défiler, faisant leur entrée dans la salle.Il est 10h30 et la salle est désormais archi-comble, avec comme toile de fond, une véritable marée d'avocats. Ils étaient une centaine, chacun représentant un des 32 inculpés présentés ce jour-là. Ces derniers ont dû attendre quelques minutes, le temps que les héros du jour entrent en scène, sans jeu de mot. De noir vêtus de la tête aux pieds, ils arboraient un air fier. Blouson en daim, chemise et jeans, ainsi que des chaussures noires, Erramach n'avait rien d'un inculpé risquant une très lourde peine pour trafic de drogue. Bien au contraire. On l'aurait facilement pris pour une star de rock venue enflammer ses fans à l'occasion d'un spectace. Idem pour El Ouazzani, veste en cuir, un jeans et un pull, tout en noir. C'est ensuite que les autres inculpés ont pu les rejoindre. Parmi eux, cinq étaient en liberté provisoire et venaient d'être arrêtés. Il s'agit d'Ahmed Benhassan, premier commissaire de police, Mohamed Hazine, Faouzi Lamrabet et Mohamed Aouad (arrêté puis relâché puis arrêté de nouveau), commissaires de police et Hassan El Ghiba. Des noms auxquels s'ajoutent bien d'autres, du préfet de police (Mohamed Skouri) au simple technicien, en passant par plusieurs commissaires et officiers de police ainsi que des membres de la Gendarmerie. Mais ceux qui auront volé la vedette à tous ne sont autres que Erramach et El Ouazzani. La mise en scène y était pour quelque chose. Nos deux protagonistes ont eu droit au premier banc. Les autres ont servi de simple faire-valoir. Et entre le deux, les éclats de rire n'ont pas tari tout au long du déroulement de la séance. Pour la défense du premier, figuraient trois avocats marocains, dont l'attitude semblait orchestrée par celle de son principal avocat, l'Espagnol Marcos Garcia Montes. Normal, Erramach se veut citoyen espagnol. Né à Sebta, il le revendique. D'ailleurs, il n'a pas hésité à clamer haut et fort sa nationalité espagnole devant l'assistance. Et d'ajouter, cette fois en chœur avec El Ouazzani et tout en se tournant vers la presse, qu'il n'avait «rien à voir avec les autres inculpés». Le brouhaha était tel qu'il était difficile de se faire entendre. La pagaille qui régnait, et où l'on parlait de tout (respect des droits de l'Homme, conditions de détention…), sauf de raison même de la tenue de la séance. Une séance qui n'a pas tardé à être levée. Rendez-vous est donc pris pour le 6 janvier prochain. Cette séance n'aura pas moins servi d'occasion en or pour ALM de rencontrer Mounir Erramach dans une interview exclusive et surtout furtive, où il plaide non coupable.