En ordonnant au Polisario de fêter, à Tifariti, le soi-disant anniversaire de la création de la RASD, l'Algérie voudrait mettre le Maroc devant le «fait accompli». C'est ce que nous explique le capitaine Ali Najab, président de l'Association marocaine des ex-détenus de guerre de l'intégrité territoriale. Aujourd'hui Le Maroc : Que pensez-vous des manœuvres entreprises par le Polisario dans la région de Tifariti, à la veille de la commémoration du soi-disant anniversaire de la création de la prétendue RASD ? Ali Najab : C'est l'Algérie qui a ordonné au Polisario d'entreprendre ces manœuvres et de faire une grande fête commémorative à Tifariti pour à la fois provoquer le Maroc et le mettre devant le fait accompli. Le scénario de l'Algérie est le suivant: en organisant les manœuvres et en poussant le Polisario à faire cette grande fête, on pousse le Maroc, premièrement, à réagir. Le Maroc ne peut le faire que militairement, parce qu'il est trop tard pour la diplomatie, et c'est ce que veut l'Algérie pour faire porter le chapeau au Maroc d'avoir violé le cessez-le-feu. Et donc la balle serait dans le camp du Maroc si la guerre venait à reprendre. Et même sans être machiavélique, ce sera une occasion en or pour l'Algérie pour s'impliquer militairement dans cette guerre. Rien ne l'empêche de dire demain, devant les instances internationales, qu'elle est venue au secours de la pseudo-RASD puisqu'elle est installée sur un territoire avec une armée, une population civile avec ses tentes, son bétail, et même ses ordures. Le Polisario avait d'ailleurs tenté de déménager toutes les ordures de Tindouf vers Tifariti, il y a des ex-prisonniers qui peuvent témoigner d'avoir chargé ces ordures dans des camions à destination de Tifariti, à partir de Tindouf, juste avant le cessez-le-feu. Deuxièmement, l'Algérie voudrait mettre le Maroc devant le fait accompli et l'obliger, parce qu'il ne peut pas intervenir militairement, à s'habituer à l'existence d'un pseudo-Etat avec un drapeau, un parlement, un gouvernement, et une population civile au-delà du mur. Que devrait alors faire le Maroc face à ce scénario ? Je suis très inquiet. Le Maroc est appelé à intervenir auprès des Nations unies et faire une campagne à l'échelle internationale pour démontrer que l'Algérie est en train de jouer un jeu très dangereux dans la région. Et puis, il faut que l'ONU puisse faire pression sur l'Algérie pour laisser le HCR s'acquitter de sa tâche et aller recenser ce qu'on appelle les «réfugiés», alors que ces réfugiés ont été tout simplement déportés du Sahara vers Tindouf par l'armée algérienne qui se trouvait en 1976 un peu partout au Sahara (accrochages avec les FAR à Amgala en 1976, dont on a fait 106 prisonniers tous algériens et non polisariens). Une fois les populations dans les campements recensées, il faudra laisser le HCR leur demander de choisir librement entre rester à Tindouf ou rejoindre la mère-patrie, comme ces populations l'appellent elles-mêmes. Avant, le Polisario n'avait d'existence que par le fait qu'il détenait quelques centaines de prisonniers marocains sans oublier la présence de la population civile sahraouie. Aujourd'hui, le Polisario ne possède que celle-ci. Et si on arrive à lui enlever cette population, en la laissant choisir de revenir à la mère-patrie, le Polisario n'aura aucune raison d'exister. C'est pour cela que maintenant il essaie de chercher une alternative, à savoir s'installer sur la portion de territoire que le Maroc n'a pas voulu occuper pour ne pas se trouver nez-à-nez avec l'armée algérienne. Pourquoi le Polisario, et donc l'Algérie, s'acharnent à implanter un soi-disant un parlement dans la région de Tifariti ? Il y a soi-disant un gouvernement du Polisario, il leur faut un parlement qui représente les populations civiles. A l'occasion, on plantera des tentes, en amenant quelques populations des campements de Tindouf. Et cela fait un Etat. C'est cette solution qu'ils veulent faire valoir avant qu'on leur dise « Il faut que la population s'exprime librement ». Et c'est aussi une solution pour l'Algérie de se débarrasser de ces populations et de les enlever de Tindouf.