Il faut d'abord résoudre le conflit du Sahara pour faciliter la lutte contre le terrorisme. C'est ce que pense la hiérarchie militaire américaine comme le reflètent les propos du général-major Jonathan S. Gration. La lutte contre le terrorisme ne saurait aboutir tant qu'il n'y aura pas de solution pour le conflit du Sahara. Ces propos ont été tenus il y a quelques jours par l'un des responsables des forces américaines basées en Europe (EUCOM). Pour le général-major Jonathan S. Gration, patron du département des stratégies, de la politique et des évaluations à l'EUCOM, il faut venir à bout des conflits bilatéraux dans la région de l'Afrique du Nord pour pouvoir faire face, ensemble, à la menace terroriste. Cette réflexion, qui ne doit pas plaire à Alger, se base aussi sur le fait, note le général-major américain, que la lutte contre le terrorisme se complique davantage à cause de l'existence de territoires incontrôlés dans la région en référence notamment à la zone sahélo-saharienne où se sont massés plusieurs terroristes de retour d'Irak et d'Afghanistan. Pour le général-major Jonathan S. Gration, qui intervenait à une table ronde organisée récemment à Washington, une solution du conflit du Sahara permettra le retour du Maroc au sein de l'UA (Union Africaine), ex OUA, organisation que le Royaume avait quittée pour protester contre sa reconnaissance de la prétendue RASD, poussée en cela par l'Algérie. Le retour du Maroc sur la scène africaine, où il a toujours maintenu sa présence par le bilatéralisme est, selon cet expert américain, un atout majeur pour une action commune non seulement dans la lutte antiterroriste dans cette région, mais aussi contre les réseaux criminels se livrant à divers trafics. Les propos du général américain rappellent le contenu d'un récent rapport de l'ESISC (centre de stratégie européen basé à Bruxelles) sur une éventuelle tentation terroriste pour une grande partie des membres du Polisario. La sortie du général-major Jonathan S. Gration intervenait à quelques jours de l'ouverture d'une conférence internationale à Alger sur le terrorisme en Afrique du Nord et au Maghreb. Ouverte lundi 20 février 2006 pour des travaux qui se dérouleront jusqu'à vendredi prochain, cette conférence internationale réunit une dizaine de pays africains, quatre pays européens en plus d'experts américains. Le Maroc et la Mauritanie, pays directement concernés par les derniers développements dans la région sahélo-saharienne, ont boycotté cette conférence. Le Maroc n'y prend pas partie vu que le centre organisateur le CAERT (Centre d'études et de recherches sur le terrorisme) est une organisation parallèlle de l'UA. Le général-major Jonathan S. Gration, qui a passé sa jeunesse en Afrique et qui parle le Swahili, s'intéresse aussi à un autre aspect de la lutte contre le terrorisme et qui concerne une implication plus significative des USA. Ce dernier considère qu'une loi, votée par le Congress en 2003, entrave une telle implication. En vertu de cette loi, l'armée américaine ne pourrait intervenir, militairement, financièrement ou même pour des entraînements des armées de pays qui ont ratifié le texte créant la CPI (Cour pénale internationale), à moins que ces derniers s'engagent, par le truchement d'un accord bilatéral, à accorder une certaine immunité aux soldats américains. Le général-major Jonathan S. Gration, dans cette autre analyse, s'inquiète du rôle de plus en plus grandissant de la Chine en Afrique en termes d'investissements, de soutien financier et d'assistance militaire.