Baptisé du nom du leader socialiste Abderrahim Bouabid, le «Théâtre de Mohammédia» est au cœur d'une vive polémique. Les Usfpéistes prêtent au Conseil communal de la ville l'intention de changer son appellation. Huit ans après sa construction, le «Théâtre de Mohammédia» n'est toujours pas opérationnel. Cette «mise en veilleuse» n'est pas due à des problèmes d'ordre technique, comme certains le croyaient. Les initiateurs, qui ne sont autres que les Usfpéistes, n'ont pas lésiné sur les moyens pour monter ce bijou. Plus de 20 millions de dirhams auront été débloqués pour réaliser ce qui relèverait d'une prouesse architecturale : le complexe «Si Abderrahim Bouabid» est aujourd'hui considéré comme le plus grand théâtre en Afrique. Or voilà, à en croire des membres de la Jeunesse ittihadie-section Mohammédia, le Conseil communal actuel de la ville voudrait tronquer le nom de «Si Abderrahim Bouabid». Contacté par «ALM», Mezouari Ahmed El Mehdi, membre du Conseil national de l'USFP et membre du Comité central de la Chabiba ittihadya, a accusé l'actuel bureau communal de Mohammédia de vouloir dénaturer le nom «Théâtre Si Abderrahim Bouabid». La section Mohammédia de la Jeunesse ittihadie aurait par ailleurs saisi le ministre de l'Intérieur pour protester contre cette décision. «A l'occasion de l'organisation d'une journée d'étude, au début du mois de janvier 2006, le président et le bureau communal de Mohammédia ont persisté à dénaturer le nom «Théâtre Si Abderrahim Bouabid» en le transformant en Théâtre municipal, et ce tant dans les invitations émises à cette occasion, que sur les banderoles annonçant l'activité», peut-on lire dans cette lettre, dont copie est parvenue à «ALM». Et d'ajouter : «Il n'est un secret pour personne, et en premier lieu pour l'autorité de tutelle, que le nom que porte cette institution culturelle «Théâtre Si Abderrahim Bouabid» a été adopté lors de la session de février 1992 par le Conseil communal à l'unanimité». Ce fut à l'époque où le Conseil communal était présidé par l'Usfpéiste Mohamed Acherki. Autre son de cloche du côté de l'actuel Conseil communal. «Il n'a jamais été question de changer le nom «Théâtre de Mohammédia», simplement il faut que l'arrêté communal de 1992 soit adopté par le ministère de l'Intérieur», nous a dit le secrétaire général de la municipalité de Mohammédia, Ahmed Deriouch. Cela dit, le «Théâtre de Mohammédia» a toujours fait l'objet de spéculations électoralistes. «Lors de sa campagne électorale de 1997, rappelle M. Mezouari, le candidat istiqlalien Moulay Larbi Zerouali avait fait part de son intention de convertir ledit théâtre en un centre hospitalier, ce qui n'était pas possible juridiquement et techniquement». «Ce fut de la propagande électoraliste pure et simple», dénonce M. Mezouari. Depuis, on ne parle plus de théâtre, ni de projet de conversion de cet édifice en centre hospitalier. Ce théâtre sera mis «en jachère», jusqu'à l'intervention du wali de Casablanca, Mohamed Kabbaj qui a demandé fin 2005, son ouverture pour accueillir les activités du Festival de musique andalouse «Casandalouse». Or voilà, «quelle ne fut notre surprise quand on a entendu le président du Conseil municipal RNI prononcer dans son discours d'ouverture le mot «Théâtre municipal», au lieu de théâtre Si Abderrahim Bouabid», déplore M. Mezouari. Avec l'éclatement de cette polémique, on se rend compte que son véritable motif est moins une simple appellation que des enjeux politico-électoralistes. Cela devrait nous édifier au moins sur un fait : la culture n'est jamais prise au sérieux par nos «élus».