Pour Moha Marghi, secrétaire général du ministère de l'Agriculture, la hausse actuelle des prix de l'huile d'olive est la résultante d'un dysfonctionnement entre l'offre et la demande au niveau mondial. Entretien. ALM : L'on note des augmentations importantes des prix de l'huile d'olive dans le marché marocain. Quelles en sont les causes ? Moha Marghi : Tout d'abord, il faut dire que le marché de l'huile d'olive est libre. Le Maroc ne peut pas être isolé par rapport à ce qui se passe dans le monde. Beaucoup de pays ont encouragé ces dernières années la consommation de l'huile d'olive, compte tenu de ses vertus. Ces campagnes de sensibilisation ont porté leurs fruits. L'année dernière, la consommation mondiale a dépassé le seuil de 3 millions de tonnes. D'où l'absence de stocks en fin d'année. Autre élément caractérisant la campagne 2004-2005, les conditions climatiques qui ont handicapé l'Ouest de la méditérranée et particulièrement, l'Espagne, l'Italie et la Grèce, pays formant le bloc oléicole le plus important. L'Espagne a connu la gelée et la sécheresse, d'où la baisse de la production. Cette diminution, conjuguée à une tendance de l'augmentation de la consommation du produit, explique la forte demande venant de ces régions. D'autant que, dans le bloc Est méditerranéen, la situation n'était pas meilleure. La Syrie, principal exportateur, a produit 140.000 tonnes, en légère baisse par rapport à sa moyenne habituelle. Dans le troisième bloc, celui de l'Afrique du Nord, la situation est meilleure. Les trois pays que sont le Maroc, l'Algérie et la Tunisie ont vu leur production augmenter de 30 à 40%. Mais cette augmentation n'a pas été suffisante pour compenser la baisse enregistrée ailleurs. Donc, d'une manière générale, on a constaté une diminution en termes d'offres. Comment se sont comportées les exportations marocaines ? Il faut dire qu'il y a par rapport aux différents blocs une différence en terme de plan oléicole. Comme le marché international est demandeur, les opérateurs marocains cherchent à exporter. Nous sommes importateurs par ailleurs de l'huile de graine. Par conséquent, exporter l'huile d'olive nous permet de rattraper un certain équilibre au niveau de la balance commerciale du Maroc. La Tunisie et le Maroc ont vu leurs exportations augmenter sensiblement. Comme je l'ai déjà dit, il s'agit des conséquences des dysfonctionnements entre l'offre et la demande. La production marocaine est-elle importante ? Lors de l'avant-dernière campagne, nous avons produit 50 000 tonnes d'huile d'olive et 80 000 tonnes d'huile de table. Cette année, ces deux chiffres sont respectivement de 75 000 et 100 000 tonnes. Il y a donc eu des augmentations notables. Nous exportons par année entre 10 et 20 000 tonnes. Mais, il ne faut pas oublier aussi le marché intérieur. Le circuit de distribution n'est-il pas responsable de l'inflation des prix constatés cette année ? Je ne le pense pas. On ne peut pas expliquer le phénomène par un mouvement spéculatif. C'est l'effet de la demande internationale. Vous pouvez trouver des industriels qui travaillent à la fois pour le marché intérieur que pour les exportations. Il y a aussi tout le système semi-industriel de trituration dont la production atteint rarement les grandes surfaces, se limitant au niveau des marchés locaux. Est-ce que l'augmentation des prix de produits pétroliers n'a pas affecté le secteur oléicole ? Certainement, il y a eu un effet lié à ces augmentations. Quand les coûts de facteur augmentent, forcément les prix suivent la tendance. Mais, à mon sens, ce n'est là qu'une cause infime comparée aux fluctuations de la demande mondiale. Et le consommateur marocain dans tout cela ? Pour le consommateur, l'essentiel c'est d'avoir la disponibilité du produit au prix du marché. Les prix augmentent actuellement, c'est vrai. Mais, à l'inverse, en cas de surproduction, il y a des baisses importantes. La situation actuelle est une opportunité pour les producteurs et les transformateurs qui peuvent rattraper leurs pertes antérieures.