Selon Driss Lachgar, membre du Bureau politique de l'USFP, il n'existe aucune préméditation dans la publication, en ce moment en particulier, des mémoires du leader Abderrahim Bouabid. Par ailleurs, M. Lachgar estime qu'il est quasiment impossible de nouer une alliance avec les islamistes. ALM : On parle de plus en plus de la possibilité d'une alliance entre l'USFP et le PJD. Qu'en est-il réellement ? Driss Lachgar : Nos alliances sont claires et évidentes. Elles ne peuvent être possibles qu'avec la majorité gouvernementale. Le PJD fait partie de l'opposition et chacun de nous à un rôle différent à jouer. Il est de ce fait impossible, que ce soit pour le PJD ou pour l'USFP, qu'on travaille ensemble. Ceci est en fait inimaginable. Les bases d'une telle alliance sont inexistantes, sauf si l'un des deux partis change de positionnement. Les mémoires de Bouabid font actuellement couler beaucoup d'encre. Pourquoi les avoir sortis en ce moment en particulier ? Les mémoires de Abderrahim Bouabid sont publiés comme l'étaient ceux de beaucoup d'autres leaders. En plus de cela, c'est la Fondation Abderrahim Bouabid qui a publié les mémoires du leader et le journal du parti les a uniquement relayés. J'estime qu'il est plus judicieux que les mémoires de Abderrahim soient publiés dans le journal du parti puisqu'il a été le leader de ce même parti. Je peux confirmer, et j'assume toutes mes responsabilités la-dessus, qu'il n'existe aucune préméditation dans la publication de ces mémoires en ce moment particulièrement. Il s'agit de documents historiques concernant une personnalité historique. Nous n'avons absolument pas le droit de pratiquer la censure sur des données qui font partie du passé et qui ne peuvent absolument pas avoir d'incidence sur le présent. C'est en fait une invitation pour que les historiens participent à l'écriture de notre histoire. Cela entre dans le cadre de la lecture des évènements qui ont marqué une étape révolue. Concernant les conclusions de l'Instance Equité et Réconciliation, l'USFP considère que la page n'est pas complètement tournée. Pourquoi ? L'Instance Equité et Réconciliation est elle-même arrivée à cette conclusion. Elle a affirmé qu'il existe des cas qu'elle n'a pas pu élucider. Le discours royal a par ailleurs ordonné de poursuivre les recherches pour rétablir la vérité en ce qui concerne ces cas, à travers notamment le Conseil supérieur des droits de l'Homme. Quand l'USFP, qui est le premier concerné par les cas non élucidés, déclare que la page n'est pas complètement tournée, c'est parce qu'il estime que c'est la réalité des choses, malgré les efforts colossaux et positifs qui ont été fournis par l'IER. Des efforts qui ont certes réussi à jetter les bases du pardon, mais il existe toujours des dossiers qui sont restés en suspens. Nous souhaitons que le Conseil consultatif des droits de l'Homme prenne le relais pour clore définitivement ce dossier. Plusieurs observateurs disent que l'USFP est en train de perdre la main en tant que grand parti de gauche. Qu'en pensez-vous ? L'USFP est en fait en train d'accomplir de grandes réalisations. La plus grande concerne le travail qui se fait pour la constitution du «grand parti socialiste». Le démarrage de cette action a déjà eu lieu avec la dissolution du PSD et son intégration dans les rangs de l'USFP. Après la balkanisation et la dispersion qu'a connues notre champ politique, que notre parti réussisse à absorber un autre parti ne peut être qu'une grande réalisation. Il faut absolument sensibiliser nos acteurs politiques en ce qui concerne cet acquis qui ne peut être que positif. Surtout après les appels d'Elyazghi à tous les acteurs et courants socialistes, pour la constitution d'un grand pôle socialiste.