Le ministère public, plus connu sous l'appellation de parquet général, vient de publier un rapport consistant et fort détaillé sur ses activités de manière générale et, en particulier, sur les statistiques des affaires traitées durant 2021 devant les tribunaux du Royaume. En filigrane, ce sont aussi des chiffres qui renseignent indirectement sur le profil de la délinquance et de la criminalité. Cette publication vient quelques jours seulement après celle faite par la Direction générale de la sûreté nationale, la police, au sujet toujours de l'évolution de la criminalité urbaine au Maroc durant l'année dernière. Au-delà du contenu lui-même de ces documents et des enseignements à en tirer, l'exercice est également intéressant sur le plan de la forme et de sa portée. Durant plusieurs décennies et jusqu'à encore il y a quelques années, des institutions publiques telles que la police, la magistrature, le parquet étaient souvent connues pour être particulièrement discrètes et communiquant très peu, voire jamais, sur leurs activités et leurs dossiers. Ces grandes muettes étaient terrées pendant des décennies dans un mutisme qui leur coûtait souvent des étiquettes peu flatteuses d'administrations opaques. Mais depuis quelques années, un vent de changement semble souffler et pousser vers plus d'ouverture et de communication avec le grand public. En s'ouvrant sur leur environnement, ces institutions livrent des données édifiantes sur la réalité, le profil, le niveau et l'étendue de criminalité au sein de la société marocaine. Elles remplissent, au passage, un rôle éducatif et pédagogique important pour la sensibilisation de l'opinion publique. C'est dire si l'évolution institutionnelle peut aussi contribuer significativement à l'évolution sociétale à travers la destruction des tabous.