Profil foncièrement scientifique et tempérament résolument réformateur, le magistrat Taïeb Charkaoui est un homme bien imprégné de l'esprit et de la lettre du droit. Le nouveau Procureur Général du Roi près la Cour suprême, récemment promu par le Souverain dans l'instance la plus élevée dans la hiérarchie des juridictions du Royaume, a, dans le même temps, beaucoup fait et lui reste encore plus à donner. Taïeb Cherkaoui vient de connaître, avec la confiance Royale en ses mérites, une consécration remarquable de carrière professionnelle riche et parsemée de réalisations appréciables. C'est que l'ancien Directeur général des Affaires pénales et des Grâces au ministère de la Justice peur exciper, à juste titre, d'un palmarès académique bien garni en titres universitaires et stages pointus de formation en Europe. Licencié en droit de l'université Mohammed V de Rabat, le nouveau Procureur Général du Roi près la Cour suprême, qui succède à Abdelmounim Al Majboud récipiendaire du Wissam El Arch de l'Ordre d'Officier pour ses «éminents services», est aussi titulaire d'un DES de sciences juridiques, décroché à l'université Hassan II. Ces dispositions tranchées en matière d'engagement dans le domaine judiciaire ont été renforcées par une formation certifiée qu'il avait suivie à l'Ecole nationale de la Magistrature de Paris. Juriste talentueux et expert sociologue. Mais le palmarès académique du quinquagénaire natif de Boujaâd, doit être complété avec l'obtention du DEA en sociologie de l'université de Bordeaux. Ce qui confère à notre personnage une dimension pluridisciplinaire et une vision d'analyse et de synthèse plus large, dans la mise en œuvre des réformes judiciaires à l'aune de l'observation et de l'évolution des phénomènes sociaux, pour mieux appréhender les tenants et les aboutissants de comportements liés à la délinquance juvénile et à la criminalité. Et c'est en expert de sciences sociales et humaines, que notre talentueux juriste arrive à maîtriser parfaitement les ressorts et les mécanismes du fonctionnement judiciaire, dans sa version la plus complexe, mettant en œuvre la politique pénale du Royaume.Cette double expertise de magistrat, rompu aux arcanes du métier et de praticien de la connaissance humaine et sociale, est capitalisée dans une solide expérience acquise pendant son parcours professionnel, où il a gravi tous les échelons des fonctions les plus redoutables en termes d'exigences de haute probité morale et de responsabilité infaillible des décisions. Ainsi, Si Cherkaoui a assuré les charges de procureur général-adjoint, près les juridictions de première instance et d'appel de Casablanca, avant de remplir, dans cette dernière, la mission de Procureur général qu'il a aussi exercée près la Cour d'Appel d'El Jadida. Ce plongeon dans les labyrinthes des tribunaux s'est consolidé avec de hautes responsabilités confiées dans l'administration centrale lorsqu'il fut nommé, en 1997, à la tête de la Direction générale des Affaires pénales et des Grâces (DGAPG) du Département gouvernemental de la Justice. Valeur sûre Une Direction qu'il a su reconfigurer dans ses structures et dynamiser dans l'impact des interventions d'un espace considéré comme étant le cœur battant du pôle judiciaire auquel il appartient. C'est donc à la DGAPG où le nouveau Procureur Général du Roi près la Cour suprême a marqué des étapes décisives, tant dans l'animation et le contrôle de l'action du ministère public en matière pénale, la mise en mouvement de l'action publique devant la Cour spéciale de Justice, que dans le suivi des infractions à caractère économique et financier, les affaires de stupéfiants, de délinquance juvénile ainsi que l'observation du phénomène de criminalité. Tout comme il s'est appliqué à constituer et instruire les dossiers de propositions de Grâces, ainsi que l'examen des demandes de libération conditionnelle. En outre, il a assuré la gestion du Casier judiciaire central autant qu'il a veillé à l'exécution des mesures relatives à l'entraide judiciaire et au bon fonctionnement des juridictions entrant dans la sphère de ses compétences. Les talents du procureur Général du Roi ne se confinant pas à l'expertise des pratiques judiciaires dans le domaine pénal. Taïeb Cherkaoui s'est aussi distingué au front de la pédagogie et de l'éducation judiciaires, en produisant de nombreuses conférences internationales et en contribuant à l'encadrement de plusieurs séminaires et journées d'études au Maroc et à l'étranger. Valeur sûre et cadre de la Nation, ses qualités intrinsèques, sa rigueur méthodologique, sa finesse d'analyse et son abnégation patriotique et citoyenne, lui ont valu une reconnaissance transcendant les frontières nationales. En effet, Si Cherkaoui est membre du Comité d'Experts du Conseil des ministres arabes de la Justice et du Groupe national dans le cadre du projet PNUD, portant sur la modernisation des parquets généraux dans les Etats membres de la Ligue arabe. En outre, l'ancien Directeur général des affaires pénales et des Grâces, pilote actuellement les travaux de la Commission scientifique chargée de la refonte du code pénal. Un code pénal auquel il imprime une orientation résolument moderne et démocratique, dans un esprit «libéral» où le répressif à la lettre se voit supplanté par une approche plus éducative et favorisant la réinsertion socioprofessionnelle des citoyens détenus. Un exemple qui tient aussi à cœur le ministre Bouzoubaâ qui serait favorable à la suppression de toutes les peines privatives de liberté dont les délits sont qualifiés de minimes, pour leur substituer des sanctions pécuniaires ou de travaux d'intérêt général. Un code pénal dont la réforme est conduite par un parfait bilingue qu'est Cherkaoui, lui permettant de maîtriser les nuances dans les dictionnaires juridiques qu'ils soient en arabe ou en français. Taïeb Cherkaoui Pionnier de la communication judiciaire Taïeb Cherkaoui s'est révélé un habile communicateur, en étant un des principaux artisans des Journées de communication du ministère de la Justice, organisées à l'intention des parlementaires. On lui doit cette ouverture marquant la politique de transparence qui caractérise un Département, surtout réputé pour sa discrétion et son «mutisme». En brisant la glace, le Procureur Général du Roi près la Cour suprême, ancien Directeur des Affaires pénales au moment de la rencontre, a mis au parfum, en livrant toutes les données et statistiques révélées au grand publique sur la politique pénale de l'Etat marocain, la lutte contre la fraude financière et la situation carcérale. Cherkaoui avait indiqué aux élus de la Nation, c'était fin 2005, que «le taux de criminalité a connu une diminution en 2004 avec les dispositions du nouveau code pénal, qui met l'accent sur le règlement à l'amiable, la prise en charge familiale et le casier judiciaire». Ajoutant que «le pays connaît surtout le crime de type traditionnel, qui ne constitue pas un grand danger à l'exception des crimes de terrorisme et la cybercriminalité».