Le sujet de l'eau est celui qui illustre le mieux le caractère décisif de la dimension temps dans la conduite réussie des politiques publiques. L'exposé du chef de gouvernement devant les députés en début de semaine démontre par les faits et les chiffres établis que la situation alarmante de stress hydrique que connaît le Maroc aujourd'hui aurait peut-être pu être, sinon évitée, du moins retardée, si les bonnes décisions avaient été prises et exécutées il y a quelques années. Il ne s'agit pas là de rejeter les responsabilités dans une logique de surenchère partisane que la situation ne supporte plus aujourd'hui. Certes, avec le retour des pluies et si la pluviométrie est favorable cette année, le Maroc disposera heureusement de quelques mois de répit pour réaliser rapidement les ouvrages et infrastructures nécessaires. Mais le fait est que les projets, chantiers et programmes que le Maroc est aujourd'hui condamné à mettre en marche seront probablement réalisés à des coûts plus importants que ce qu'ils auraient nécessité il y a 5, 10 ou 15 ans à cause de la spirale inflationniste mondiale. Quand, en 2008, le Maroc lançait pour la première fois une stratégie volontariste et ambitieuse pour le secteur agricole, le contexte n'était pas particulièrement critique. Mais 14 ans plus tard, au moment où la crise sanitaire mondiale a fait brusquement resurgir la question de la sécurité et de la souveraineté alimentaires, les Marocains ont pu mesurer l'importance d'une telle démarche anticipatrice initiée des années auparavant. Cela sans compter les effets induits positifs sur l'économie marocaine en général et le secteur agricole en particulier. Ne dit-on pas d'ailleurs que le temps, c'est de l'argent ?