Campagnes de sensibilisation, restriction des débits d'eau distribués aux usagers, interdiction de l'arrosage des espaces verts et de lavage des voies et places publiques avec des eaux conventionnelles, interdiction des prélèvements illicites d'eau, alimentation en eau potable par camions-citernes des populations les plus touchées par la pénurie d'eau, l'Exécutif - via le ministère de l'Intérieur - vient de sonner le branle-bas de combat pour atténuer les effets de la sécheresse. Longtemps perçu comme une menace lointaine, le stress hydrique et tout ce que cela implique comme impact sur la vie des Marocains, qu'ils soient ruraux ou citadins, est aujourd'hui une réalité. Avec un déficit pluviométrique de 64% enregistré depuis le début de l'année, conjugué à la baisse des niveaux des barrages dont le taux de remplissage s'établit à 33%, le Royaume doit faire face à un niveau inégalé de sécheresse. Une situation qui, en plus de menacer l'industrie agricole qui représente 12% du PIB et reste l'un des plus importants pourvoyeurs d'emplois du pays, risque de perturber la vie quotidienne des Marocains qui doivent déjà composer avec une inflation galopante. Aujourd'hui, la priorité est de sensibiliser le grand public sur la nécessité d'adopter une consommation rationnelle et raisonnée en eau potable. Un effort qui devra également être étendu aux opérateurs industriels, notamment ceux dont les unités de production nécessitent de grandes quantités d'eau pour leur bon fonctionnement avec tout ce que cela induit comme investissements en technologie capables de réaliser des économies en consommation hydrique (mise en place de circuits fermés, recyclage d'eau, dessalement des eaux de mer...). Une fois le choc absorbé, il sera temps de revoir la politique agricole, le secteur accaparant près de 87% de la consommation nationale en eau, selon les chiffres du Haut-Commissariat au Plan, de manière à privilégier des cultures moins consommatrices en eau et à plus forte valeur ajoutée. Le cas du segment de la pastèque est à souligner, vu les effets dévastateurs qu'a entraîné cette culture pour les réserves hydriques dans les régions de Zagora et Tata.