En s'érigeant comme tête de file pour l'initiative de la stratégie de réduction des risques en santé en Afrique, le Maroc met le doigt en fait sur la brique la plus importante pour la réussite de toute politique publique en matière sanitaire, à savoir toute la partie préventive. La difficulté de la démarche de prévention est que, contrairement aux soins médicaux curatifs, elle ne relève pas exclusivement des gestionnaires du système sanitaire public mais d'une multitude de secteurs et d'acteurs. L'école, l'université, l'entreprise, l'usine, l'administration, les ménages, la prévention est en fait l'affaire de toutes et de tous. Mais cette complexité est largement compensée par son aspect budgétaire et matériel nettement moins lourds au sens financier. Même mieux. Quand la politique de prévention des risques de santé est prise au sérieux et menée rigoureusement, elle peut mener mécaniquement à une amélioration de la performance du système de santé lui-même à travers l'allégement de la charge des effectifs, le désencombrement des structures sanitaires et la libération de ressources humaines et budgétaires pouvant être allouées à d'autres priorités. Ces ressources peuvent être précieuses au moment où le Maroc est en passe d'élargir le champ de la protection sociale.