L'ancien dictateur irakien Saddam Hussein raconte sa capture, il y a deux ans, dans un entretien accordé au quotidien populaire britannique «The Sun». «Le despote autrefois redouté a rompu son silence dans un entretien avec The Sun depuis sa cellule,» a écrit hier le tabloïd anglais, fier de son exclusivité. Le quotidien affirme avoir obtenu cet entretien par l'intermédiaire d'un de ses avocats Ramsey Clark, ancien secrétaire à la Justice américaine, qui s'est fait l'écho des propos de l'ancien dictateur. Le président déchu y raconte sa capture, il y a deux ans et affirme avoir été trahi. Selon Ramsey Clark, avant sa capture, Saddam Hussein se déplaçait chaque jour dans un endroit différent, organisant l'insurrection. Au moment où il a été arrêté, il s'apprêtait à s'enfuir à moto, selon «The Sun». «Je suis sorti par ce trou de la maison où je me cachais. Je suis descendu dans le trou, puis dans le tunnel, puis j'ai perdu conscience. Je pense que j'ai été trahi, j'ai été victime d'un coup monté», a déclaré Saddam Hussein au Sun. Son avocat pense qu'il a été gazé dans le tunnel. «Il nous a dit qu'il avait probablement passé quelques minutes dans le tunnel, pas des heures ou des jours», a précisé ce dernier. Par ailleurs, le quotidien populaire «The Sun», connu pour ses propos anti-français, a interrogé l'ancien dictateur sur ses liens avec le président français, Jacques Chirac. L'ancien dictateur aurait affirmé que le président français est un de ses vieux amis. Le site du journal publie une photo des deux hommes datant de 1975. Le tabloïd a, toutefois, insisté sur le lien entre les deux hommes. Selon «The Sun», «la lâcheté de Jacques Chirac lui a permis de gagner l'éternelle gratitude du boucher de Bagdad». Le tabloïd a publié également l'une de ses anciennes couvertures : sous les portraits des deux hommes, le Sun avait écrit : «Cherchez les différences». Puis : «l'un met en danger la vie de nos troupes (en refusant la guerre en Irak). Il détruit la démocratie et met en danger la paix mondiale. L'autre est Saddam Hussein». Saddam Hussein s'était rendu sans résistance aux soldats américains qui l'avaient découvert, après neuf mois de cavale. L'ancien président se trouvait dans une cache creusée dans le sol de sept mètres de profondeur et d'une largeur suffisante pour une seule personne. Il avait été retrouvé muni de deux fusils d'assaut kalachnikov, d'un pistolet et de 750 000 dollars. Trois jours plus tôt, un tribunal spécial irakien (TSI) avait été créé. Le président déchu Saddam Hussein et sept de ses lieutenants, ont comparu devant cette instance le 19 octobre. Le 20 mai 2005, «The Sun» avait publié des photos de l'ancien dictateur prises à son insu dans sa prison. Cette publication a été aussitôt dénoncée par l'armée américaine qui avait alors annoncé l'ouverture d'une enquête. Un mois après, le TSI autorise la diffusion de l'enregistrement vidéo d'un interrogatoire du président déchu. Celui-ci porte sur les événements de Doujaïl (nord de Bagdad), où 148 chiites ont été tués après un attentat manqué en 1982 contre l'ex-président. Et en juillet 2005, le TSI annonce la fin de l'instruction et l'inculpation de Saddam Hussein pour le massacre de Doujaïl. Depuis le début de son procès en octobre dernier, l'ancien dictateur n'a cessé de défier les juges de cette instance affirmant que cette cour n'a aucune légitimité. Saddam Hussein et à ses coaccusés ont dénoncé un tribunal "fabriqué aux Etats-Unis".