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Pour l'amour de Rachida…
Publié dans Aujourd'hui le Maroc le 06 - 12 - 2005

Avec la complicité d'un fonctionnaire d'un arrondissement urbain d'Oujda, un chauffeur de taxi, âgé de 45 ans, père de famille, s'est remarié avec une fille, de 20 ans, en utilisant de fausses attestations de célibat.
«Qu'est-ce que c'est que cette mascarade ? Je ne permets pas à ma fille de se marier avec un homme de mon âge», a indiqué, sur un ton ferme, le père de Rachida. Ces deux phrases étaient suffisantes pour que Yahia, 45 ans, se lève et s'apprête à partir. Rapidement, Rachida, 20 ans, l'a suivi, vers la porte, pour lui chuchoter dans l'oreille : «Attends moi demain à la même heure et à la même place».
En retournant à la cuisine, elle n'a pas pu retenir ses larmes. Sa mère l'a rejointe. Elle tente de la calmer. Elle lui explique que Yahia ne pourrait pas être l'homme qui la rendra heureuse. Son père s'est contenté de la regarder un moment avant de sortir. Il ne lui a pas adressé la parole. Sa mère, qui l'a conduite à sa chambre, tentait toujours de la consoler. Mais en vain. Ses larmes coulaient sans arrêt.
Sans prendre son dîner, elle s'est enfermée dans sa chambre. Son père ne lui a rien reproché. Il a gardé le mutisme, laissant la mère s'occuper d'elle. Il ne savait pas que sa fille aime Yahia. Ce qui importe à ses yeux est que sa fille ne se marie pas avec un homme très âgé, son aîné de 25 ans.
Dans sa chambre, Rachida s'est allongée sur son lit. Les images de sa relation avec son bien-aimé défilaient devant ses yeux en larmes. Cette relation remonte à deux ans quand elle était à son dix-huitième printemps. A cette époque, elle poursuivait ses études dans un lycée d'Oujda. Elle se souvient du premier jour de leur rencontre. Ce jour-là, elle hèle un petit taxi qui s'est arrêté. Elle a pris place à droite du chauffeur qui l'a saluée en lançant un sourire. Chemin faisant, une conversation s'engage entre les deux personnes. Ils ont parlé de tous et de rien. Quand elle est arrivée à destination, le chauffeur de taxi n'a pas voulu recevoir la contrepartie de son service. Rachida est rentrée alors dans son lycée. Le lendemain, Yahia, le chauffeur de taxi, est venu le matin à la même place pour attendre Rachida. En arrivant, cette dernière est montée dans le petit taxi et l'a embrassé comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. Il l'a conduite jusqu'au lycée. Au fil des jours, une relation intense lie le chauffeur de taxi à la lycéenne.
Leur relation amoureuse s'est consolidée. Ils ont commencé à partager de temps en temps le même lit. Résultat : Rachida a perdu sa virginité. Yahia lui a promis le mariage. C'est la raison pour laquelle, il s'est présenté enfin devant son père pour demander sa main.
Rachida se rappelle ces souvenirs chers à son cœur comme si tous ces événements s'étaient produits récemment. Et elle a fondu encore une fois en larmes. Elle ne voulait pas perdre son bien-aimé. Le lendemain matin, elle l'a rencontré. Elle lui a exprimé son attachement et son rêve d'être son épouse. «Je vais réaliser ton rêve», lui a-t-il chuchoté à l'oreille avant de l'embrasser.
Quelques semaines plus tard, le chauffeur de taxi et la lycéenne se sont présentés devant le père avec un acte de mariage à la main. Ne croyant pas ses yeux, le père s'est rendu au commissariat de police pour porter plainte contre son nouveau gendre. Une enquête a été diligentée aussitôt. En examinant le dossier de la demande du mariage, les attestations de célibat remises par les services de la 2ème arrondissement urbain ont mis la puce à l'oreille des enquêteurs. Menant une enquête minutieuse, les enquêteurs ont révélé que les numéros des attestations sont fictifs, que le chauffeur de taxi est marié et père de cinq enfants, et qu'il n'a pas avisé sa première femme de son second mariage. Les enquêteurs sont arrivés à identifier le fonctionnaire qui a délivré les deux fausses attestations de célibat et ce par l'intermédiaire d'un ami, écrivain public, et contre une somme d'argent.
Les quatre suspects, à savoir le chauffeur de taxi, la jeune fille, le fonctionnaire et l'écrivain public ont été traduits dernièrement devant la justice à Oujda. Ils sont poursuivis pour faux en écriture administrative, usage de faux documents administratifs, complicité et corruption.


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