Directeur général de la Société nationale d'aménagement communal (SONADAC) depuis six mois, Nabil Layt revient sur les missions de cette institution et surtout sur le projet Korea, en retard sur les délais. Entretien. ALM : Avant d'entrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous présenter les missions de la SONADAC ? Nabil Layt : La Société nationale d'aménagement communal (SONADAC), qui a démarré ses activités en 1995, a pour mission principale l'aménagement de l'Avenue Royale. Il s'agit d'une artère de 1,5 km de long et de 60 mètres de large, qui reliera la mosquée Hassan II à la place des Nations Unies (à proximité de l'hôtel Hyatt Regency). Ce projet consiste en un programme d'envergure, étalé sur une surface de 50 hectares, qui nécessite le relogement de plus de 12000 familles ayant vécu dans un tissu vétuste et surdensifié, le recasement de 2250 commerces, la démolition de 3376 constructions et, enfin, la valorisation progressive de l'assiette foncière libérée. Le site d'accueil de la population à reloger étant la nouvelle ville Nassim, située à la périphérie de Casablanca et qui s'étend sur une superficie de 327 hectares. Il en résultera une rénovation du paysage urbain de la ville de Casablanca, et, notamment, par l'édification aux abords de l'avenue de vastes complexes d'habitation de standing, d'un nouveau centre d'affaires, d'un Opéra et d'un Palais des congrès. On distingue 3 zones de l'Avenue Royale, reparties par vocation, à savoir : - Le pole mosquée avec une vocation de centre d'affaires. - Le pole Bab Marrakech dédié au commerce, à la culture et aux loisirs. - Le pole Ziraoui qui constitue principalement une zone d'habitation. D'où viennent les fonds nécessaires au financement de tels projets ? Tout d'abord, il faut signaler que la Sonadac dispose d'un patrimoine foncier important, qui est amené à être porteur de projets susceptibles de financer l'aménagement de l'Avenue Royale. De plus, au fur et à mesure de l'avancement du projet, le terrain libéré acquiert de la valeur. Nos sources de financement proviennent essentiellement des emprunts bancaires, ainsi que des recettes générées par les opérations de péréquation. Je m'explique ; le relogement des ménages à la nouvelle ville Nassim revêt un caractère purement social, en ce sens que le prix d'acquisition appliqué aux bénéficiaires ne dépasse pas le tiers du prix réel (prix moyen d'appartement: 200.000 DH). Afin de compenser ce déficit, nous entreprenons des opérations à caractère commercial, ce qui constitue le montage théorique de nos financements. Parmi les projets de péréquation, il y a celui de Korea. Justement, ce projet de Korea fait beaucoup parler de lui. De quoi s'agit -il exactement ? Il s'agit d'un programme en deux tranches, qui a démarré en 2001. Il est d'une consistance totale de 164 logements, 590 commerces et 17000 mètres carrés de plateaux d'activité. La première tranche, comprenant un complexe d'habitation de 164 logements et un centre commercial de 270 locaux commerciaux, a été achevée et livrée en 2003. Concernant la deuxième tranche qui consiste à réaliser 320 commerces et 17000 mètres carrés de plateaux d'activité, le dossier d'autorisation correspondant sera déposé à l'Agence urbaine cette semaine, alors que le démarrage des travaux est prévu en 2006. Il faut préciser que le choix d'une vocation commerciale au niveau de la deuxième tranche a été arrêté conformément aux besoins des acquéreurs potentiels dans cette zone. Le délai de 18 mois donné aux commerçants a été épuisé. Qui va supporter le retard ? Il faut reconnaître qu'il y a eu effectivement un glissement dans l'exécution des travaux, car la Sonadac a dû revoir la configuration initiale du projet pour une meilleure adaptation du programme. Ainsi, les logements ont été substitués par des plateaux d'activité, jugés plus porteurs. Quant aux commerçants, 133 ont été recasés dans le cadre de la première tranche, tandis que pour les 40 restants, prévus dans la deuxième tranche, il a été convenu d'un commun accord un délai de livraison de 18 mois après le démarrage des travaux. Je tiens à préciser que ces derniers occupent actuellement des locaux provisoires dans la première tranche, mis à leur disposition par la Sonadac sans paiement de loyer. De même, ils ont l'avantage d'être les bénéficiaires prioritaires des commerces au niveau de la deuxième tranche. Comment avez-vous fixé les conditions de cession ? Les prix ont été arrêtés par convention. Les commerçants ont acquis ces nouveaux locaux au prix préférentiel de 5000 DH/m, ce qui est en fait un prix très avantageux par rapport au prix du marché. Ces locaux sont-ils ouverts à des candidats autres que les anciens commerçants du souk Korea ? Le futur centre commercial comprendra deux parties dont la première est destinée au recasement des anciens commerçants du souk. S'agissant de la deuxième partie, celle-ci sera commercialisée dans le cadre du système de péréquation afin d'assurer l'équilibre financier de l'opération. Il est à rappeler que l'enveloppe budgétaire du projet s'élève à 140 millions DH. Coté entretien, d'après nos informations, les conditions d'hygiène laissent à désirer dans la première tranche ? Juste après ma nomination à la Sonadac, ce problème a constitué une de mes premières préoccupations. Pour y faire face, nous avons mis en place une équipe de nettoyage qui intervient tous les vendredi ; jour de fermeture hebdomadaire du souk.Par ailleurs et conformement aux règles en vigueur en matière de copropriété, les acquéreurs doivent se constituer en syndic. Or, cet organe n'a pu voir le jour en dépit de la convocation par la Sonadac d'une assemblée générale constitutive. Cette dernière initiative n'a pas abouti, faute d'intérêt de certains commerçants. Des espaces communs comme des parkings auraient été transformés en locaux commerciaux aux dires des commerçants ? Non, le problème est tout autre. Certains acquéreurs ont procédé à des transformations dont ils ont droit et n'ont pas pris le soin d'évacuer le reste de certains matériaux utilisés comme le marbre et les briques, qui sont restés entassés dans les parties communes. Vous conviendrez que ce n'est nullement la responsabilité de la sonadac qui a vendu et non pas mis en location les locaux. Par conséquent, c'est aux copropriétaires de s'assumer en mettant en place un syndic. Qu'en est- il de l'avenir de la Sonadac ? Il se murmure dans les milieux d'affaires l'idée d'un rapprochement… La CDG est l'un de nos actionnaires. Pour le moment, rien de définitif n'a été arrêté. Mais le fait que la Caisse soit présente dans le projet de la Marina de Casablanca la rapproche logiquement de la Sonadac qui gère le projet mitoyen de l'Avenue Royale et de la corniche.