Lors du 13ème congrès de leur union qui se tient à Rabat Au moment où l'ère post-Covid incite à revoir la conception de l'habitat, l'apport des architectes est plus que jamais sollicité. Il en est question, entre autres, lors du 13ème congrès de l'Union des Architectes d'Afrique qui se poursuit jusqu'à demain à Rabat. Les intervenants marocains et africains y sont unanimes quant à cette valeur ajoutée de cette corporation de métier non seulement pour l'habitat mais aussi pour les villes. «Ce 13ème Congrès intervient à un moment clé pour notre continent. En effet, celui-ci se trouve à la croisée des chemins, avec déjà le doublement attendu de sa population, et donc l'urbanisation accélérée induite», précise lundi le président du Conseil national de l'ordre des architectes, Chakib Benabdellah, qui estime que l'architecte est un «maillon central des politiques publiques et privées». Le tout en énumérant les différentes positions que peut occuper cet architecte. Les architectes, des professionnels aux multiples facettes D'abord, ils sont, pour le responsable, «un acteur éminemment social». Concrètement, l'exode rural, l'habitat précaire ou le développement urbain anarchique représentent, à son sens, des enjeux d'ampleur, nécessitant de la part de ces professionnels d'accompagner l'individu dans sa quête de mieux-être, et plus particulièrement d'un habitat digne, accessible et disposant de services de qualité. Cette urbanisation doublée de durabilité est également avancée par le secrétaire général du ministère marocain de tutelle, Abdelatif Nahli, qui met en avant «les besoins croissants de quantité et qualité». Le responsable, qui rappelle le lancement en mai dernier du réseau africain des organisations urbaines sur initiative marocaine pour «créer de bonnes pratiques pour la planification urbaine, met, à son tour, en avant, le rôle des décideurs, urbanistes et architectes». Les architectes et urbanistes sont étroitement liés pour le développement durable de nos territoires, s'exprime le SG qui révèle «une politique urbaine en phase». Et ce n'est pas tout ! «Les modèles d'habitat collectif sont nombreux dans le temps et dans différentes géographies mais il est justement du rôle de l'architecte de pouvoir proposer des solutions d'habitat accessibles, et qui offrent les conditions d'épanouissement et de sécurité, sur un long terme», avance également M. Benabdellah qui s'exprimait en ouverture de l'événement. Par la même occasion, il fait un diagnostic de la situation dans le continent. Les maux du continent «Aujourd'hui, nous constatons que de nombreux programmes sociaux, en Afrique, sont essentiellement des solutions de moyen terme. Les problématiques de mixité sociale, sécurité, transport, accès aux services d'éducation de santé, d'accessibilité... émergent dans le temps», révèle-t-il en appelant à faire preuve d'innovation dans le continent également marqué par la fracture territoriale. Tel qu'il l'explicite, il existe un vrai défi dans la «fixation des populations». «La création de multiples centres urbains offrant une majorité de prestations – économiques, sociales, environnementales... – renforcera ainsi leur attractivité et encouragera la mise en place de villes de taille moyenne», suggère-t-il en qualifiant également l'architecte d'acteur de développement durable et citoyen. De son côté, le président de l'Union des architectes d'Afrique, Victor Miguel, abonde dans le même sens. Pour lui, les architectes, qui se chiffrent à 18.000 dans le continent, ont pur rôle de «fournir une meilleure vie pour tous». Des recommandations Entre-temps, M. Benabdellah qui s'exprime, de plus, sur l'ambition de faire de l'architecte africain un acteur incontournable et engagé pour l'émergence et le développement de l'Afrique, formule des recommandations. Il s'agit, tel qu'il l'indique, de «la création d'un Observatoire panafricain de l'architecture». La consolidation des partenariats privés/publics (PPP), la tenue d'un événement triennal, sous forme d'assises, une Charte d'engagement des architectes africains en faveur du développement durable étant d'autres recommandations lors de cette rencontre qui sera couronnée par la «Déclaration de Rabat».